Chaque jour que le huard s'envole un peu plus haut, les joueurs du Canadien voient quelques dollars s'envoler aussi.

Chaque jour que le huard s'envole un peu plus haut, les joueurs du Canadien voient quelques dollars s'envoler aussi.

«On se dit à la blague qu'on ferait mieux de commencer à être payé en argent canadien!» lance Mathieu Dandenault qui, à l'instar de ses coéquipiers, est touché par la dévaluation du dollar américain.

Tous les joueurs de la Ligue nationale sont payés en billets de l'Oncle Sam, des billets qui ne cessent de perdre du terrain au profit du dollar canadien, qui pointe désormais à 1,08$ par rapport à la devise américaine.

Chris Higgins songe-t-il à devenir le premier hockeyeur américain à être payé en dollars canadiens?

«Mm, il faudrait que j'y pense, dit-il, avant de s'esclaffer après un instant de réflexion. Ça aurait l'air fin, un Américain payé en canadien!»

L'attaquant de 24 ans convient que c'est un peu le monde à l'envers par rapport à ce qu'il a déjà connu. «On est loin de l'époque où, quand on venait jouer des tournois mineurs au Canada, on allait changer notre argent et on avait l'impression d'être riches...»

Certes, les temps ont changé. Mais ce n'est pas demain la veille que les joueurs de la LNH seront payés en espèces du Dominion.

La convention collective de la LNH stipule (chapitre 11, article 17) que tous les contrats de joueurs doivent assurer une compensation en argent américain, tant au niveau des salaires que des bonis.

Seuls les joueurs de ligues mineures peuvent être payés selon la devise nationale d'une équipe de la Ligue nationale.

«Le fait d'avoir une devise officielle permet d'établir un plafond salarial, rappelle l'agent de joueurs Pat Brisson. Sans cela, les comparatifs financiers entre joueurs ne seraient pas aussi précis.

«Mais surtout, ajoute Brisson, s'il y avait deux monnaies, ce serait bien trop compliqué de gérer le plafond salarial, qui est déterminé selon les revenus. Les équipes se doivent d'être précises avec leurs revenus. On ne peut donc pas se permettre d'avoir une devise qui se promène, disons, de 1,10$ à 98 cents.»

Les revenus en hausse

Pour les joueurs établis aux États-Unis, la faiblesse du dollar américain n'a pas un impact énorme.

«C'est vrai qu'il y a une différence par rapport à la valeur du chèque de paie, mais les gens qui vivent aux États-Unis sont avantagés à d'autres points de vue, comme le taux de taxation ou les intérêts hypothécaires», observe l'agent Robert Sauvé.

Les athlètes qui jouent au Canada, eux, sont touchés plus sérieusement. Mais ils admettent volontiers qu'ils ont pu profiter de la manne pendant qu'elle passait.

«Pendant tellement d'années, on était heureux de pouvoir être payés en argent américain; maintenant on voit le retour du balancier», indique le défenseur Francis Bouillon.

«C'est sûr qu'on perd un peu d'argent, mais l'écart n'est pas si grand.»

L'utilisation de l'argent américain est enchâssée dans la convention collective, mais les devises fluctuent tellement qu'il ne faut pas s'attendre à ce que ça change dans le prochain contrat de travail.

«Personne ne peut prédire où l'on en sera dans cinq ou six ans, note Robert Sauvé. Il risque de se passer beaucoup de choses aux États-Unis dans les prochaines années. La situation peut changer rapidement, d'autant plus que les Américains ont plus d'outils que nous pour changer les choses.»

De façon individuelle, la hausse du dollar canadien nuit aux joueurs. Mais en tant que groupe, ils peuvent en soutirer certains bienfaits.

«Il y a 36% des revenus de la ligue qui proviennent du Canada, mentionne Pat Brisson. D'après moi, ça va provoquer une autre hausse du plafond salarial.

«Et tout cela n'est pas terminé, pressent l'agent québécois, qui est établi en Californie depuis plus de 20 ans. D'ici deux ans, avec la crise hypothécaire qui sévit aux États-Unis, je crois qu'on va voir le dollar canadien monter à 1,15$...»