Les acheteurs qui épluchent les journaux, à la recherche d'une voiture d'occasion, ne savent pas que les pages sont truffées de faux particuliers.

Les acheteurs qui épluchent les journaux, à la recherche d'une voiture d'occasion, ne savent pas que les pages sont truffées de faux particuliers.

«Au moins 20% des gens qui annoncent, ont plus d'une voiture affichée», dit George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA).

L'APA estime qu'il y a facilement 400 faux particuliers qui vendent chacun une quarantaine de véhicules par an.

«C'est beaucoup plus que ça!», renchérit Robert Cliche, de Association des marchands de véhicules d'occasion du Québec.

Ils ne sont pas nécessairement des escrocs. Mais ils contreviennent à la loi qui prévoit que les gens qui achètent des véhicules en vue d'en faire le commerce, doivent détenir une licence de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ). Ils doivent aussi obtenir une caution de 100 000$ d'une compagnie d'assurance, afin de protéger leur clientèle.

Mais plusieurs contournent la loi. Ils n'achètent pas les véhicules. Ils les prennent simplement en consigne et agissent comme intermédiaire entre le vendeur et l'acheteur.

«Ils n'ont pas de comptes à rendre à personne. Ils peuvent s'installer n'importe où. Sur le boulevard Curé-Labelle, à Ste-Rose, la moitié des commerçants n'ont pas de licence», pointe M. Cliche.

En cas de pépin, les consommateurs qui achètent d'un particulier ont des recours limités. Ils ne sont pas protégés par la Loi sur la protection du consommateur. Reste un recours civil aux petites créances.

Mais si l'individu disparaît comme un fantôme ou s'il n'a pas un sou bonne chance!

Au Québec, plus de 230 000 véhicules d'occasion sont vendus par des particuliers, chaque année. Mais M. Cliche estime qu'au moins 35% de ces transactions sont conclues à l'aide d'intermédiaires qui divulguent plus ou moins leur statut.

«Le gros du problème des odomètres falsifiés émane de cette zone floue du marché. Il y a un laxisme à l'égard de cette faune qui opère au détriment des consommateurs», déclare M. Cliche.

Mais les consommateurs ne sont pas non plus à l'abri chez les commerçants licenciés.

En janvier dernier, Vladimir Elibert, a été accusé de fraude par la GRC. Il aurait trafiqué l'odomètre d'une centaine de véhicules. Son commerce, Claudel Auto Suprême, détenait pourtant une licence de la SAAQ.

Les automobilistes eux-mêmes ne sont pas sans tache. Une grande partie des odomètres modifiés, le sont par des locataires qui retournent leur véhicule à la fin de leur bail, estime M. Iny.

Ils ont dépassé le kilométrage maximal prévu à leur contrat. Pour éviter de payer une pénalité, on leur suggère de faire reculer leur odomètre, de 130 000 à 95 000 kilomètres par exemple.

«L'acheteur qui rachète le véhicule ne se retrouve pas avec un cancer roulant. Mais il a payé sa voiture quelques milliers de dollars trop cher», déplore M. Iny.

D'autres automobilistes malhonnêtes font trafiquer l'odomètre de leur véhicule, pour avoir droit à la garantie lorsque la limite de kilométrage est dépassée.