Les entreprises canadiennes font preuve d'optimisme en ce début d'année alors que les consommateurs paraissent décider à soutenir leur rythme d'achat. Et cette fois-ci, la surchauffe albertaine ne brouille pas les résultats.

Les entreprises canadiennes font preuve d'optimisme en ce début d'année alors que les consommateurs paraissent décider à soutenir leur rythme d'achat. Et cette fois-ci, la surchauffe albertaine ne brouille pas les résultats.

«Les firmes de la région centrale et de l'est du pays prévoient une accélération de la croissance de leurs ventes» au cours des 12 prochains mois, écrit la Banque du Canada dans les notes liminaires des résultats trimestriels de son Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE).

Les résultats automnaux de l'EPE avaient montré plutôt le contraire.

Les plus récents résultats font aussi état d'intentions d'investissement accrues dans le centre et l'est du pays.

Cela devrait accroître les capacités de production car une entreprise sur deux estime encore éprouver des difficultés parfois sérieuses à répondre à une hausse inattendue de commandes. Cela reste vrai en particulier dans l'Ouest et dans le secteur des ressources où la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée reste un problème aigu.

«Pour nous, c'est un peu surprenant, compte tenu de la faiblesse des derniers indicateurs économiques, admet Marc Lévesque, stratège et économiste en chef chez TD Valeurs mobilières. Nous nous serions attendus à des perspectives plus amères de la part des entreprises.»

L'EPE, a été réalisée du 14 novembre au 8 décembre auprès d'une centaine de grandes entreprises. Hormis les chiffres du marché du travail de 2006 publiées vendredi dernier, et les mises en chantier de novembre, encore peu de chiffres donnant le pouls de l'activité économique des deux derniers mois de 2006 ont été publiées.

«L'économie a sans doute retrouvé le chemin de la croissance en fin d'année, avance Ted Carmichael, économiste chez JP Morgan. Les résultats de l'enquête ne plaident pas en faveur d'une détente monétaire prochaine.»

«Le fait que les perspectives de vente et d'investissement s'améliorent permettent à (David) Dodge et son personnel de jouer en sourdine les données récentes plus négatives, surtout compte tenu de la fermeté du marché du travail en décembre», renchérit Andrew Pyle, économiste chez Scotia Capitaux.

En septembre et en octobre, l'économie canadienne s'est contractée après une décélération de sa croissance amorcée au printemps tandis que les résultats de l'Enquête sur la population active faisaient état vendredi de la création de 61 600 emplois en décembre.

Ce qui nourrit l'optimisme des entreprises, c'est peut-être la perception que le prix de leurs intrants devrait diminuer par rapport à l'an dernier. En revanche, elles croient aussi pouvoir majorer quelque peu leurs prix sans pour autant trop générer d'inflation

Bref, les profits qui équivalent maintenant à quelque 14 % de la taille de l'économie, un sommet historique, seront encore au rendez-vous.

On ne sera guère étonné d'apprendre que la moitié des entreprises sondées comptent embaucher cette année, alors que 10 % seulement prévoient réduire leurs effectifs. L'EPE révèle aussi que les entreprises productrices de services seront plus à la recherche de travailleurs cette année encore que les manufacturiers.

«Quand la position financière des entreprises est solide, elles investissent, embauchent et prennent de l'expansion», résume M. Carmichael.

Tout cela contribue à stimuler la confiance des consommateurs. Ce sont eux et eux seuls qui ont assuré la croissance de l'économie au cours des deuxième et troisième trimestres de l'an dernier.

Les économistes de Banque TD Groupe financier s'attendent à une progression de 5 % des ventes au détail cette année, d'un océan à l'autre, une augmentation intéressante, bien que moins élevée que les 6,5 % de 2006.

Cette diminution légère est attribuable à l'entrée du marché de l'habitation dans une phase d'équilibre qui fera grimper moins vite le prix des propriétés.

Si l'effet de richesse sera moins prononcé, il demeure réel, une situation à l'opposé de ce qui se passe aux États-Unis où le prix des maisons est à la baisse sur le marché de la revente.

Au sud, le nombre de logements vacants à vendre est maintenant plus élevé que le rythme annuel des mises en chantier. «En plus, le nombre de logements à louer vacants atteint aussi un record», précise Stéfane Marion, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. Cela augure mal pour les exportateurs canadiens.

«L'incertitude au Canada reste le marché des exportations», conclut-il en saluant la résilience du consommateur.