En 1998, aux prises avec un cancer à 40 ans, Josée a fait le bilan de sa vie. «Mon seul regret était de ne pas être allée à l'université, se souvient-elle. Et je me suis dit que si à 50 ans j'avais à refaire ce bilan, je ne voudrais avoir aucun regret.»

En 1998, aux prises avec un cancer à 40 ans, Josée a fait le bilan de sa vie. «Mon seul regret était de ne pas être allée à l'université, se souvient-elle. Et je me suis dit que si à 50 ans j'avais à refaire ce bilan, je ne voudrais avoir aucun regret.»

«Maintenant, j'ai rempli toutes les conditions.»

À présent âgée de 49 ans, Josée vient d'achever six ans d'études universitaires, qui l'ont menée d'un bac en psychologie à une maîtrise en travail social.

La mère de trois enfants a entrepris ses études universitaires en septembre 2001. Elle a complété son bac en quatre ans, tout en poursuivant son travail autonome d'esthéticienne. Elle a ensuite voulu se consacrer pleinement à sa maîtrise.

«J'ai laissé mon emploi, vendu ma maison et ma voiture et je suis déménagée à Montréal», raconte-t-elle.

La vente de sa maison lui a laissé une somme de 110 000$, investie en 2005 en fonds communs de placement. Elle dispose également de 13 000$ en liquidités, destinées en bonne partie à rembourser un prêt étudiant de 8500$.

Josée travaille maintenant dans le réseau de la santé, pour un salaire qui atteindra 43 000$ en décembre.

Elle aimerait prendre sa retraite à 60 ans, dans 11 ans. Elle songe aussi à redevenir propriétaire, mais serait prête à demeurer locataire. «J'ai besoin d'aide pour déterminer ce qui serait financièrement le plus intéressant.»

Ses projets sont-ils antagoniques?

«Si Josée fait preuve d'autant de discipline dans ses finances personnelles que dans ses études, les deux lui seront possibles», répond Sophie Labonne, planificatrice financière de la Banque Scotia.

Voyons de quelle façon.

Premier essai: 60 ans

Quel budget Josée devra-t-elle gérer à la retraite? «Je n'ai jamais eu beaucoup d'argent et je suis heureuse avec peu de choses», confie-t-elle.

Sophie Labonne a fixé ses revenus de retraite au minimum recommandé de 60% de ses revenus actuels, soit 25 800$.

Dans ces conditions, une retraite à 60 ans est-elle possible? Le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) accorde à Josée une rente annuelle équivalant à 2% du salaire moyen de ses cinq meilleures années, multiplié par le nombre de ses années de service.

En supposant que son salaire actuel de 43 000$ croisse au rythme de 2%, elle toucherait à 60 ans une rente indexée de 11 500$ par année. De plus, Josée encaissera dès 60 ans une rente annuelle de la RRQ évaluée par notre planificatrice à environ 2175$.

À partir de 65 ans, la rente du RREGOP serait coordonnée avec celle de la RRQ. En fonction d'un calcul dont nous vous faisons grâce des détails, sa rente du RREGOP passerait à 7500$ à partir de 65 ans. Josée commencerait alors à toucher des prestations de sécurité de la vieillesse d'environ 5900$, en dollars d'aujourd'hui.

Pour tirer un revenu de retraite de 25 800$, Josée devra compléter ses rentes gouvernementales et d'employeur avec un supplément annuel de 10 220$ (dollars d'aujourd'hui) en provenance de ses épargnes personnelles. Avec une indexation de 2%, il lui faut avoir accumulé à 60 ans une épargne-retraite de 326 000$ pour maintenir ce cap jusqu'à 90 ans.

Josée atteindra cet objectif en continuant d'épargner 400$ par mois, comme elle a commencé à le faire récemment. Ils qui s'ajouteront à ses REER actuels de 15 000$ et à son capital de 114 500$ - 110 000$ issus de la vente de sa maison et 4500$ de liquidités.

Peut-on ajouter une propriété à ce portrait? Pascale Bibeau, spécialiste en prêts hypothécaires à la succursale Scotia du Mail Champlain, à Brossard, a évalué le prix maximal que Josée pouvait se permettre de payer. Puisque Josée ne veut pas que l'hypothèque s'étende au-delà de ses 65 ans, l'amortissement est fixé à 18,5 ans.

Résultat: dans l'hypothèse d'un taux d'intérêt de 6%, Josée ne devra pas payer davantage que 190 000$, avec une mise de fonds minimale de 20%.

Or, cette mise de fonds de 38 000$ devra être puisée dans le capital hors REER de 114 500$, ce qui mettrait à mal le capital de retraite accumulé à 60 ans.

Objectif corrigé à 62 ans

Sophie Labonne a refait les calculs en supposant une retraite à 62 ans. En raison de la majoration des rentes du RREGOP et de la RRQ, l'épargne-retraite de Josée n'aura plus qu'à fournir 8200$ par année en dollars actuels pour respecter le seuil de revenu de retraite de 25 800$.

Le capital-retraite nécessaire est donc moins élevé, et Josée a deux ans de plus pour l'accumuler.

Ainsi, Josée peut ajouter à son budget les paiements hypothécaires de 558$ par quinzaine et les autres frais liés à la propriété - à condition bien sûr d'exercer un strict contrôle des dépenses.

Dans ce second scénario, Josée poursuit ses versements de 400$ par mois dans son REER, lequel croît sous un rendement de 8,5%.

«Et voici où la discipline peut vraiment payer, indique Sophie Labonne: si Josée applique son remboursement d'impôt annuel d'environ 1800$ à son prêt hypothécaire, année après année, elle aura fini de payer son hypothèque au moment de sa retraite, car pareil scénario réduit son amortissement de 15 ans et 11 mois à 13 ans et quatre mois.»

À 49 ans, Josée n'a aucun regret. Et elle peut encore avoir des rêves...