L'entente conclue entre Bombardier (T.BBD.B) et la société chinoise AVIC 1 déconcerte Embraer.

L'entente conclue entre Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] et la société chinoise AVIC 1 déconcerte Embraer.

«C'est un peu confus, je ne comprends pas ce qu'ils vont faire exactement, je ne comprends pas ce que Bombardier va en retirer», déclare le nouveau président et chef de la direction de l'avionneur brésilien Frederico Fleury Curado dans une entrevue avec La Presse Affaires.

Selon M. Curado, cette confusion pourrait finir par jouer un mauvais tour à Bombardier.

«La Chine est un endroit où la clarté est très importante, explique-t-il. Lorsque les Chinois ne se montrent pas très clairs, on peut se retrouver avec des résultats inattendus.»

Lundi, Bombardier a annoncé qu'elle allait investir 100 millions de dollars US dans le biréacteur régional ARJ21-900 d'AVIC 1, un appareil de 105 places, afin de le rendre plus performant et plus attrayant pour le marché occidental.

Cet appareil pourrait contrer l'E190 d'Embraer parce qu'il présenterait un confort et un rayon d'action semblables. Bombardier devrait avoir des redevances sur les appareils vendus.

Pour sa part, AVIC 1 investirait 400 millions dans la conception du fuselage d'une éventuelle CSeries.

M. Curado affirme que l'ARJ21 pourrait avoir du succès en Chine, mais que la chose est moins certaine pour l'extérieur.

«Je suis confiant que l'E190 peut résister», lance-t-il.

M. Curado vient de remplacer Mauricio Botelho, un homme particulièrement charismatique, à la tête d'Embraer.

Le nouveau président, rencontré dans une petite salle du chalet d'Embraer au salon aéronautique du Bourget, est plus discret. Grand, le front dégarni, il fait penser à un tranquille comptable.

Il se montre quand même chaleureux et laisse échapper quelques pointes d'humour.

«Il y a des différences dans le style personnel, déclare-t-il. Je suis différent de Mauricio, mais nous pensons de la même façon. Je ne prévois pas de différences dans la façon dont la compagnie sera gérée.»

Il rappelle qu'il faisant partie d'Embraer avant l'arrivée de M. Botelho et qu'il a participé à pratiquement toutes les grandes décisions de l'avionneur au cours des 12 dernières années.

Depuis quelques années, Embraer et Bombardier règnent dans le domaine de l'aviation régionale. Or, de nouveaux acteurs s'apprêtent à pénétrer ce marché, la Chine, avec l'ARJ21 d'AVIC 1, la Russie, avec le SuperJet 100 de Sukhoi, et le Japon, avec le MRJ de Mitsubishi.

«Si tous ces gens viennent sur le marché, il y aura trop de joueurs», soutient M. Curado, ajoutant que les appareils des nouveaux arrivants ne semblaient pas offrir de percée technologique qui risquerait de causer du tort aux deux joueurs actuels.

À long terme, toutefois, il croit que la Chine pourrait devenir un acteur majeur.

«Je vois de la constance dans ce que font les Chinois, ils ont un plan, ils ont des ressources, ils ont des connaissances scientifiques», déclare-t-il.

«La Chine vient d'envoyer un homme en orbite, observe-t-il. Et ils l'ont ramené, ce qui est le plus important.»

Embraer est présente en Chine depuis une dizaine d'années avec une coentreprise créée avec AVIC 2. L'usine de fabrication de biréacteurs régionaux de 50 places a vivoté jusqu'à l'obtention d'une grosse commande de 50 appareils en août dernier.