Que les deux millions de mordus du Banquier, le quiz télévisé le plus populaire au Québec, cessent de se tourmenter afin de connaître l'identifié du mystérieux financier. Il s'agit de Vidéotron, dont les profits permettent de garder Quebecor Média à flot.

Que les deux millions de mordus du Banquier, le quiz télévisé le plus populaire au Québec, cessent de se tourmenter afin de connaître l'identifié du mystérieux financier. Il s'agit de Vidéotron, dont les profits permettent de garder Quebecor Média à flot.

«Je ne suis pas prêt à dire que je suis le Banquier de Quebecor, dit le PDG de Vidéotron, Robert Despatie, en riant. Mais nous avons travaillé très fort pour intégrer toutes nos opérations sous un même toit. Notre approche de guichet unique fonctionne puisque nos revenus ont été en croissance à tous les trimestres en 2006. Et nos nouveaux abonnés nous permettront de dégager des revenus additionnels l'an prochain, puisqu'il faut environ un an avant qu'ils deviennent rentables.»

M. Despatie a beau avoir le triomphe modeste, sa société de câblodistribution n'a jamais versé autant de billets verts dans le compte en banque de Pierre-Karl Péladeau.

En 2006, Vidéotron a haussé son bénéfice d'exploitation de 99,2 millions de dollars (+24%) tandis que les autres filiales de Quebecor Média ont vu leurs profits avant amortissement et charges exceptionnelles chuter de 30 millions. Le bénéfice d'exploitation de Quebecor Média a été de 69,2 millions l'an dernier.

«Quebecor Média est propulsé par Vidéotron, résume Stéphane Gagnon, du Fonds des professionnels. Leur stratégie d'offrir plusieurs services est très efficace. Pour le reste, c'est du pareil au même. Les résultats des journaux et des réseaux de télévision sont pas mal moribonds.»

En 2006, Quebecor Média a affiché une perte nette de 169,7 millions, contre un bénéfice net de 96,5 millions en 2005. Ce séjour dans le rouge n'inquiète pas les marchés boursiers : la perte est attribuable à des charges exceptionnelles, notamment au refinancement de dettes de 342,6 millions à des taux d'intérêts plus bas.

En excluant les charges exceptionnelles, le bénéfice net aurait été de 215 millions en 2006, contre 173 millions en 2005. «Les résultats ont même dépassé les attentes du marché, dit Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale. Vidéotron représente la plus grande part de la croissance de Quebecor Média et je ne vois pas pourquoi les choses changeraient à l'avenir. Bien sûr, les taux de croissance de Vidéotron vont finir par diminuer - ils sont tellement élevés présentement - mais la société devrait continuer de faire mieux que BCE à court terme.»

L'an dernier, les revenus de Quebecor Média ont été de 3,01 milliards, en hausse de 308 millions (+11,4%). Durant la même période, les revenus de Vidéotron ont connu une hausse de 229,2 millions pour s'établir à 1,31 milliard.

Seule la déréglementation annoncée par Ottawa dans le secteur de la téléphonie pourrait freiner la croissance de Vidéotron en 2007. Un scénario qui ne fait pas peur au PDG de Quebecor Média, Pierre-Karl Péladeau. Au contraire. «Nous espérons seulement que la déréglementation des anciens monopoles se fera de façon à éviter des pratiques abusives de la part de certaines sociétés, a-t-il dit hier lors d'une conférence réservée aux analystes. Et si la déréglementation est une bonne chose dans le secteur de la téléphonie, elle doit aussi être une bonne chose dans d'autres secteurs.»

M. Péladeau faisait une allusion à peine voilée aux médias électroniques, un secteur où Quebecor Média a des intérêts considérables. La société possède notamment le réseau de télévision TVA ainsi que diverses chaînes spécialisées.

Mais le PDG de Quebecor Média n'attendra pas la décision d'Ottawa avant d'accélérer l'intégration de ses différentes plateformes médiatiques, dont le Journal de Montréal, le Journal de Québec, les journaux anglophones de Sun Media et le portail Internet Canoë. Les revenus de tirage du secteur des journaux ont subi une diminution de 3,8%. Par contre, les revenus totaux des journaux ont été de 928,2 millions, en hausse de 12,6 millions.

Au dernier trimestre de 2006, Quebecor Média a réalisé des bénéfices d'exploitation de 239,4 millions, en hausse de 26,0 millions (12,2%) sur des revenus de 847,8 millions, en hausse de 91,6 millions (12,1%).

Quebecor Inc et Quebecor World n'ont pas dévoilé leurs résultats annuels hier comme prévu. Les deux sociétés inscrites sur les marchés boursiers doivent se plier pour la première fois aux exigences de la loi américaine Sarbanes-Oxley, adoptée en 2002 dans la foulée du scandale Enron. Leurs résultats seront publiés vers la fin du mois de mars.