Air Liquide rêve du jour où elle fournira de l'hydrogène à des voitures qui ne rejetteront que de l'eau. Mais en attendant, la multinationale table sur les sables bitumineux de l'Alberta pour doubler la taille de sa division canadienne.

Air Liquide rêve du jour où elle fournira de l'hydrogène à des voitures qui ne rejetteront que de l'eau. Mais en attendant, la multinationale table sur les sables bitumineux de l'Alberta pour doubler la taille de sa division canadienne.

En tant que plus gros producteur mondial de gaz industriels, Air Liquide se retrouve au centre d'un enjeu planétaire: l'énergie. La société française fabrique d'immenses quantités d'hydrogène, que plusieurs voient comme le carburant propre de demain. Mais ses gaz entrent aussi dans la production et le raffinage des combustibles d'aujourd'hui: les hydrocarbures.

" On a une perspective un peu unique sur les questions énergétiques ", avoue Pierre Dufour, directeur général adjoint et membre du comité exécutif du Groupe Air Liquide, qui est aussi à la tête de la société en Amérique. Pour lui, l'économie de l'hydrogène est loin d'être une utopie. " La question n'est pas de savoir si ça va arriver- j'en suis absolument convaincu- mais de savoir quand ", a-t-il dit lors d'un entretien à La Presse Affaires.

Selon lui, d'ici cinq ou 10 ans, des endroits comme la Californie ou la ville de New York compteront 1 % de leurs voitures fonctionnant à l'hydrogène. " La vraie question est de savoir si ça peut passer à 10 %. Et ce n'est certainement pas pour demain ", dit-il.

Il incite, en attendant, à voir la réalité en face. " Pour l'avenir prévisible, les hydrocarbures vont rester pour environ 80 % du panier énergétique. C'est le cas maintenant, ce sera encore le cas en 2020, et probablement plus tard encore. Ce que ça veut dire, c'est qu'il faut faire mieux avec les hydrocarbures. "

Cap sur l'Alberta

Comme plusieurs, Air Liquide a donc les yeux braqués sur l'Alberta et ses sables bitumineux. Transformer ces grains de sables gorgés de bitume en pétrole est une opération qui requiert énormément d'énergie, d'eau... et de gaz. Air Liquide prévoit investir jusqu'à un milliard de dollars pour fournir l'oxygène et l'hydrogène nécessaire à l'extraction à au raffinage des carburants fossile. " Ça ferait plus de doubler la taille d'Air Liquide Canada dans un horizon de cinq à 10 ans ", révèle M. Dufour, dont la société y engrange des revenus de 700 millions de dollars au Canada et y emploie 2200 personnes, dont 700 au Québec.

Pour " faire mieux avec les hydrocarbures ", Air Liquide investit dans la recherche sur la capture du CO2 et sur les processus de combustion plus propres.

AIR LIQUIDEChiffre d'affaires de 10 435 milliards euros (15 000 milliards de dollars canadiens, dont 700 millions au Canada)

36 000 salariés dans 72 pays, dont 2200 au Canada.

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