Le président d'Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, réprimande publiquement Isabelle Hudon pour sa prise de position contre le prolongement immédiat de l'autoroute 25 et la construction d'un pont enjambant la rivière des Prairies vers Laval.

Le président d'Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, réprimande publiquement Isabelle Hudon pour sa prise de position contre le prolongement immédiat de l'autoroute 25 et la construction d'un pont enjambant la rivière des Prairies vers Laval.

La présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain est prise à partie par M. Bouchard dans une lettre ouverte envoyée hier à La Presse et à deux autres quotidiens de Montréal.

" Sommes-nous de nouveau devant une spirale d'interventions de groupuscules organisés qui s'opposent systématiquement à tout développement économique? " demande M. Bouchard dans sa lettre.

Dans une lettre ouverte adressée le 21 septembre au premier ministre Jean Charest et publiée dans Le Devoir, Mme Hudon et 24 autres personnalités des milieux artistique, universitaire, d'affaires et syndical demandaient au gouvernement de surseoir à ce projet de pont à péage privé. Les 25 signataires demandaient que la priorité soit accordé à d'autres projets de transports collectifs conciliant davantage, selon eux, les intérêts de la population, de l'environnement et du développement économique de la métropole.

Dans sa lettre ouverte à Mme Hudon, M. Bouchard lui reproche cette prise de position: " Après discussions avec plusieurs membres de la Chambre, je n'ai pas réussi à confirmer aucune entreprise supportant votre déclaration. Le conseil de la Chambre a-t-il entériné votre sortie publique? Ou s'agit-il de votre opinion personnelle? " demande M. Bouchard en invitant Mme Hudon " à préciser la chose publiquement ".

Mme Hudon n'a pu être jointe hier. Sur le site Internet de la CCMM, aucun communiqué spécifique n'annonce une prise de position de l'organisme à ce sujet.

Son attachée de presse, Sylvie Paquette, a indiqué que Mme Hudon était en visite d'entreprise hier après-midi.

" À ma connaissance, Mme Hudon n'a pas l'appui de son conseil d'administration ", a dit M. Bouchard en entrevue avec La Presse Affaires. " Elle est la présidente d'un organisme qui parle au nom de ses membres. Elle a un devoir de réserve et le poste qu'elle occupe ne lui permet pas de (...) prendre de position en son nom personnel. "

M. Bouchard n'a pas voulu identifier quels chefs d'entreprise il a consultés, ni si ces derniers étaient membres du conseil d'administration de la CCMM.

M. Bouchard n'a pas voulu répondre lorsqu'on lui a demandé si Mme Hudon avait toujours sa confiance pour diriger la CCMM: " Étant à Laval, nous sommes membres d'autres chambres de commerce, mais pas de la CCMM. C'est au conseil d'administration de la CCMM de réfléchir là-dessus. "

Dans sa lettre ouverte, M. Bouchard prend aussi position publiquement pour le prolongement de l'autoroute 25, au nom d'Alimentation Couche-Tard, dont l'entrepôt principal est situé à Laval, dans l'axe du nouveau pont qui doit lier l'autoroute 440 à la 25.

" (...) Nous pouvons vous assurer du bien-fondé de la construction de ce pont ", écrit M. Bouchard, selon qui les camions de livraison de Couche-Tard font des détours quotidiens par les ponts des routes 15 et 13 pour livrer dans 100 succursales sur la Rive-Sud et dans 50 autres dans l'est de Montréal. " Pour notre entreprise, l'argument économique est évident. Nous n'avons pas fait d'analyse écologique mais des centaines de détours au quotidien de gros équipements routiers chargés de marchandises n'aident sûrement pas à la réduction de la pollution. "

En entrevue, M. Bouchard a également critiqué la Ville de Montréal, pour son objection au projet de pont, la qualifiant d'" égoïste " et " très malheureuse ".

La porte-parole du maire de Montréal Gérard Tremblay s'est bornée à réitérer la position de la Ville qui, sans se prononcer contre le projet de pont, affirme que d'autres projets d'infrastructures plus importants auraient dû être financés avant par Québec: " Nous allons attendre d'avoir pris connaissance de la lettre de M. Bouchard (aujourd'hui) et il se pourrait que nous la commentions ensuite ", a dit Christiane Miville-Deschênes.

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