Bombardier Aéronautique a annoncé hier une commande de 19 appareils CRJ900, mais cette nouvelle ne repoussera pas nécessairement la décision probable de réduire la cadence à l'usine de Mirabel.

Bombardier Aéronautique a annoncé hier une commande de 19 appareils CRJ900, mais cette nouvelle ne repoussera pas nécessairement la décision probable de réduire la cadence à l'usine de Mirabel.

Le transporteur italien My Way Airlines a signé un contrat de 702 millions de dollars américains (783,4 millions CAN), qui prévoit la livraison du premier appareil à la fin de 2007. Ce contrat donne aussi à My Way l'option de convertir 15 des 19 CRJ900 (un appareil de 90 places) en CRJ900X (100 places), si Bombardier donne le feu vert au lancement de cette version allongée. La décision de Bombardier sur le CRJ900X devrait être prise " dans les prochains mois ", a dit le porte-parole, Marc Duchesne.

L'annonce d'hier était très attendue par les analystes, actionnaires et employés de Bombardier Aéronautique. " Ce n'est pas trop tôt ", a déclaré hier l'analyste Steve Laciak, de la Financière Banque Nationale, qui ne cache pas son impatience. " C'est la première commande raisonnablement importante depuis très, très longtemps et il faut espérer pour Bombardier qu'il y en ait d'autres bientôt. "

My Way Airlines est un transporteur aérien installé à Vicence, en Italie. Il exploite cinq Airbus sur des routes régulières entre l'Europe et le Moyen-Orient.

La dernière commande substantielle de CRJ900 remonte à décembre 2005, quand l'allemande Lufthansa a signé un contrat pour 12 appareils.

Le 30 août, le président de la division aéronautique de Bombardier, Pierre Beaudoin, avait décrit comme " probable " la réduction de la cadence de l'usine de Mirabel, où sont assemblés les jets régionaux CRJ700 et CRJ900. Environ 1600 employés de production y travaillent. Hier, le porte-parole de Bombardier a indiqué que cette décision " reste à prendre ". " C'est trop tôt pour dire si ça aura un impact ", a affirmé M. Duchesne.

Le porte-parole de Bombardier n'a pas donné d'informations sur de nouvelles commandes éventuelles. " L'été dernier, notre président, Pierre Beaudoin, a affirmé que l'entreprise mène plusieurs campagnes de vente auprès de clients de l'aviation régionale et que les cinq prochaines années devraient être fertiles pour notre secteur. "

D'ici 2026, Bombardier s'attend à ce que 4100 appareils de 60 à 99 sièges et 5800 appareils de 100 à 149 sièges soient commandés dans le monde, deux segments de marché où la firme canadienne a la capacité de se tailler une part, dit-il.

Avant l'annonce d'hier, Bombardier avait vendu seulement huit appareils CRJ900 en 2006 (au mois de mai), soit six appareils à l'Italien Air One et deux autres à l'Africain ARIK. " Je ne prête même pas attention à une commande de deux avions ", a dit M. Laciak, peu impressionné. Sa recommandation sur le titre de Bombardier est " dans la moyenne du secteur " (l'équivalent de " conserver ") et son prix cible sur 12 mois est de 3,20 $.

L'action de Bombardier a clôturé hier à 3,31 $, en baisse de 3 cents à la Bourse de Toronto.

Au 31 juillet, le carnet de commandes de Bombardier pour ses avions régionaux était de 73 appareils, soit 43 CRJ900, 29 CRJ700 et un CRJ200. De ce nombre, les 29 CRJ700 sont marqués d'un point d'interrogation, ayant été commandés par US Airways, actuellement sous la protection de la loi américaine sur la faillite.

M. Laciak dit que la commande de 19 CRJ900 de My Way Airlines constitue une entrée satisfaisante, mais il pense que le plat de résistance, si Bombardier réussit à mettre la main dessus, viendra de deux appels d'offres attendus plus tard cette année et émanant des États-Unis. " NorthWest est sur le marché pour 70 appareils. Delta pourrait aussi être à l'origine d'une cinquantaine d'autres ", note l'analyste.

M. Duchesne, de Bombardier, confirme que l'avionneur mont-tréalais est en discussions avec NorthWest, un autre transporteur américain secoué par des difficultés, mais qui semble en voie de réussir sa relance. " Selon des informations publiques, NortWest va dans les prochains jours présenter son nouveau plan d'affaires et demander aux tribunaux de se retirer de la loi sur la faillite. Et les dirigeants ont déjà indiqué qu'elle veut acheter de nouveaux appareils. Et on leur parle. "

L'initiative de Delta, beaucoup moins avancée, n'aurait qu'un impact indirect dans l'industrie aéronautique et M. Duchesne ne confirme aucune discussion dans ce dossier. " Ce qui est public, c'est que Delta a fait un appel de propositions à divers transporteurs régionaux. Les éventuels signataires de contrats avec Delta auraient alors des besoins présumés en appareils régionaux, mais je ne sais pas d'où vient le chiffre de 50 appareils. "

En août dernier, Bombardier a aussi évoqué la possibilité, dans le but d'améliorer ses marges, de faire des compressions à son avionnerie de Dorval, où sont assemblés ses jets d'affaires, de même qu'à l'usine de composantes de Saint-Laurent.

Dave Chartrand, président de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (FTQ), n'a pu être joint par La Presse.

ENFIN UNE GROSSE COMMANDE D'AVIONSLE CRJ900

Carnet de commandes (au 31 juillet) : 49 appareils

NOUVELLE COMMANDE : 19 avions

Nombre de places du CRJ900 : 86 à 90 places

Projet de version allongée - CRJ900X : 100 places

Marché mondial estimé par Bombardier dans la gamme des appareils de 60 à 99 places d'ici 20 ans: 4100 avions

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