Le PDG déchu des entreprises Mount Real, Lino P. Matteo, vient d'être accusé «d'avoir fraudé des centaines d'épargnants pour des sommes évaluées à plusieurs millions de dollars».

Le PDG déchu des entreprises Mount Real, Lino P. Matteo, vient d'être accusé «d'avoir fraudé des centaines d'épargnants pour des sommes évaluées à plusieurs millions de dollars».

Les accusations ne viennent toutefois ni de la police ni de l'AMF, mais de l'Ordre des comptables en management accrédités (CMA). Lino Matteo est membre des CMA depuis 1988.

Ces accusations du syndic de l'Ordre des CMA sont tombées le 13 février. Lundi dernier, le comité de discipline de l'Ordre a accédé à la demande du syndic et a radié Lino Matteo. La radiation n'est que provisoire, pour l'instant, dans l'attente d'une audition sur le fond du dossier, qui devrait suivre au cours des prochains mois.

Selon le syndic de l'Ordre, M. Matteo «a transmis à des tiers, dont des investisseurs, des informations fausses et/ou trompeuses, notamment pour cacher la véritable situation financière de (diverses) corporations et masquer une fraude de plusieurs millions de dollars».

Les infractions auraient été commises entre 1993 et 2005.

Parmi les entreprises qui auraient été utilisées par Lino Matteo, mentionnons Mount Real et Gestion MRACS, mais également Valeurs mobilières iForum et Services financiers iForum.

Le syndic accuse également M. Matteo d'avoir organisé, entre 1993 et 2005, des campagnes pour solliciter et obtenir des millions de dollars des investisseurs sans avoir ni prospectus, ni autorisation des autorités sur les valeurs mobilières du Québec.

C'est la première fois que Lino Matteo est formellement accusé de fraude par un organisme. Rappelons que l'Autorité des marchés financiers (AMF) a accusé 24 représentants d'avoir sollicité des fonds sans permis ou sans prospectus ou d'avoir fourni des informations trompeuses. Cependant, les dirigeants de l'organisation, dont Lino Matteo, n'ont pas encore été accusés.

De son côté, la GRC a jeté l'éponge, dernièrement, jugeant qu'il lui serait trop difficile de prouver hors de tout doute une intention criminelle derrière la disparition des 130 millions de dollars des 1600 investisseurs.

Nous avons tenté de joindre Lino Matteo, mais c'est son avocate, Claudine Murphy, qui a rappelé. «Mon client a l'intention de se défendre de ces accusations très sévères», a-t-elle dit.

Le PDG de Mount Real ne s'est pas présenté à l'audition du comité de discipline, lundi, ce qui a entraîné sa radiation provisoire. Son avocate n'était pas davantage présente. «J'étais en vacances. J'ai pris connaissance de l'audition de lundi seulement ce matin (mardi)», dit Mme Murphy.

Selon l'avocate, Lino Matteo a reçu une convocation de l'Ordre des CMA le 20 février à son domicile, mais n'a pas ouvert la lettre, «qui ressemblait à du matériel publicitaire». Cet apparent matériel publicitaire a tout de même été remis à l'avocate, qui en a pris connaissance à son retour de vacances, mardi.

Un huissier s'est rendu chez Lino Matteo plusieurs jours avant l'audition, mais il était absent, a dit Mme Murphy. Sa conjointe lui a fait le message, mais l'huissier ne lui avait pas dit pourquoi on le cherchait. Enfin, Lino Matteo aurait contacté l'huissier pour le rencontrer vendredi, mais la rencontre n'a pas eu lieu.

Le syndic a aussi porté des accusations de fraude contre le vice-président, finances, de Mount Real, Paul D'Andrea, aussi membre des CMA. Paul D'Andrea s'est présenté à l'audition de lundi et a obtenu un report au 16 avril. Il niera les allégations, nous dit Claudine Murphy, qui vient de recevoir le mandat de le représenter.