Les Bourses mondiales ont essuyé de sévères pertes mardi en raison d'un éclatement de la bulle boursière en Chine et des craintes d'un ralentissement économique aux États-Unis.

Les Bourses mondiales ont essuyé de sévères pertes mardi en raison d'un éclatement de la bulle boursière en Chine et des craintes d'un ralentissement économique aux États-Unis.

Correction passagère? Début d'une crise sérieuse? Difficile à dire pour le moment, selon les experts, mais on peut déjà tirer des leçons de cette tempête.

La pire descente des principaux indices boursiers en une seule journée depuis au moins trois ans!

C'est la conséquence à Toronto et à New York du virus boursier qui a atteint mardi la Chine, et qui s'est immédiatement propagé sur toute la planète boursière.

En quelques heures, il a effacé les gains de plusieurs centaines de milliards de dollars qui avaient été réalisés depuis le début de l'année, sur les principales Bourses du monde.

Mais aussi, de l'avis d'analystes, ces gains devenaient de plus en plus spéculatifs, malgré les signaux de ralentissement économique.

«Les principaux indices boursiers établissaient records après records, depuis quelques mois. Les marchés étaient mûrs pour une correction qui n'attendait plus qu'un prétexte, comme l'éclatement de la bulle boursière en Chine», a résumé Vincent Delisle, économiste et principal stratège boursier chez Capitaux Scotia.

De fait, M. Delisle avait avisé ses clients investisseurs dès lundi, la veille du mini-krach chinois, de réduire leurs placements en actions afin de parer à un repli imminent.

Il n'était pas le seul professionnel de la Bourse à penser ainsi. Mais mardi, ils furent contraints de limiter les dommages immédiats.

À la Bourse de Toronto, le principal S&P/TSX a reculé jusqu'à 456 points, ou 3,4%, en milieu d'après-midi. Il a terminé en baisse moins prononcée de 364 points, ou 2,7%, à 13040 points.

Les actions des sociétés d'énergie et de ressources, déjà très influencées par l'essor industriel de la Chine, ont subi la pire rebuffade (-6%) de la part des investisseurs à Toronto.

À elle seule, la montréalaise Alcan, deuxième productrice mondiale d'aluminium, un métal dont la Chine est le plus gros usager, a perdu 5,3% de sa valeur boursière. Son action a terminé à 60,72$, en baisse de 3,43$.

À la Bourse de New York, les deux principaux indices ont fait encore pire qu'à Toronto, mardi. En fait, le Dow Jones et le S&P500 ont encaissé leur pire repli depuis mars 2003, en une seule journée.

Ce fut l'impact de la correction boursière en Chine, mais aussi de données économiques pires que prévu.

«Les commandes de biens durables aux États-Unis ont beaucoup faibli, de même que le marché de revente des maisons. C'est perçu comme un signe de ralentissement économique, et donc de pression sur les profits des entreprises», a résumé Vincent Delisle, de Capitaux Scotia.

L'indice des grandes capitalisations à New York, le Dow Jones, a reculé jusqu'à 546 points au pire de la journée, dont 150 points en une seule minute autour de 15h.

Il s'est redressé un peu pour terminer la séance avec une perte de 416 points, ou 3,3%, à 12216 points.

Scénario semblable pour l'indice plus diversifié de la Bourse américaine, le S&P500. Il a terminé la séance en recul de 50 points, ou 3,5%, à 1399 points. Seuls deux de tous les titres de cet indice n'ont pas baissé, mardi.

Quant à l'indice des compagnies émergentes et des technologies, le NASDAQ, il a subi sa pire gifle depuis décembre 2002, avec un recul de 3,9%.

Sur le qui-vive

Après une journée aussi mouvementée, toute la planète boursière sera encore sur le qui-vive mercredi matin, sinon pendant quelques jours.

«La grande question est de voir s'il s'agit d'une mini-panique qui dure une journée ou deux, ou un ressac encore plus prononcé», a résumé Paul Hand, directeur des transactions chez Marché des capitaux RBC, à Toronto.

Pour Vincent Delisle, de Capitaux Scotia, la journée d'hier pourrait bien lancé le recul printanier que l'on observe en Bourse depuis trois ans, en particulier à Toronto.

«Ces mini-corrections saisonnières furent de l'ordre de 8 à 12%, selon l'écart entre les indices et leur moyenne technique des 200 jours. Or, jusqu'à mardi, cet écart était rendu autour de 10%, ce qui pourrait être la teneur de ce repli printanier», a suggéré M. Delisle.

Au niveau international, c'est l'ampleur de la correction boursière en Chine, même attendue après l'embolie récente, qui sera la plus surveillée à court terme.

Car si cette correction boursière devait aussi contaminer le secteur financier en Chine, et freiner du coup son essor industriel, le marché des ressources naturelles serait le plus durement touché.

«Ce secteur est encore très influent dans l'économie canadienne et à la Bourse de Toronto. C'est pourquoi nous estimons que la Bourse canadienne est plus menacée de dévaluation à moyen terme que la Bourse américaine», a indiqué Vincent Delisle.