La filière française du cognac, qui n'en finit pas de surfer sur la vague du succès dans le monde, s'inquiète de l'intérêt manifesté pour les riches terres du Sud-Ouest français par des investisseurs russes soupçonnés de camoufler la production de faux cognac en Russie.

La filière française du cognac, qui n'en finit pas de surfer sur la vague du succès dans le monde, s'inquiète de l'intérêt manifesté pour les riches terres du Sud-Ouest français par des investisseurs russes soupçonnés de camoufler la production de faux cognac en Russie.

Après déjà cinq années de croissance consécutives, les ventes de cognac ont atteint 157 millions de bouteilles entre le 1er mai 2006 et le 30 avril 2007, soit une progression de 9,7% par rapport aux 12 mois précédents.

Une performance proche du record historique de 1990, alors que 8% des surfaces de vignes ont été arrachées ou reconverties depuis.

«La bonne santé du cognac se confirme car l'année 2007 est l'année de tous les records», s'est réjoui lors d'une conférence de presse Jean-Pierre Lacarrière, président du bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), qui s'est par ailleurs inquiété de l'intérêt d'investisseurs russes pour les vignobles de Cognac.

Ce sont les qualités supérieures (XO et cuvées spéciales) qui progressent le plus (+17,7%) ainsi que les VSOP (+17,7%) alors que les entrées de gamme (VS, +2,7%) remportent moins de succès.

L'avenir est assuré car les caves de la région sont bien remplies, avec 1 milliard de bouteilles, soit 6 ans de stock, et le BNIC vient d'adopter pour 2007 le principe d'une augmentation de production de 168 000 hectolitres d'alcool pur, soit un bond de 27% par rapport à 2006.

Les États-Unis, surtout les communautés afro-américaines et hispaniques, restent de loin le premier pays consommateur avec 51,4 millions de bouteilles.

Les progressions les plus importantes ont lieu en Extrême-Orient (20,4% en volume en un an), notamment en Chine (+49,3%), et en Russie (+54,9%) qui a multiplié par 7 ses achats en sept ans, plaçant ce pays au 6e rang des pays importateurs.

Mais, depuis quelque temps dans la région de Cognac, on ne parle plus que de la vente au début de l'année de la maison charentaise Croizet-Eymard (59 hectares) au groupe russe Russian Wine Trust, qui intervient après des acquisitions réalisés depuis deux ans par les sociétés russes Kin et MVZ.

Cependant, l'appétit des russes pour le cognac, dont les investissements dans ces vignobles représentent moins de 0,5%, inquiète le directeur général du BNIC Alain Philippe, qui évoque «un risque que ces achats servent d'alibi pour vendre de faux cognacs».

«Il faut que ces groupes russes soient nos alliés pour convaincre Moscou, à l'occasion des négociations de l'entrée de la Russie dans l'OMC, de bannir l'appellation cognac pour des produits fabriqués dans ce pays et pourchasser la contrefaçon», souligne M. Philippe.

Sans vouloir «faire de procès d'intention, nous serons vigilants» avertit M. Lacarrière, rappelant que de grandes maisons de cognac sont d'origine étrangère comme Hennessy (Irlande) ou Martell (Jersey).

Le BNIC, qui réunit 6000 viticulteurs et 300 négociants de la région, compte lancer une campagne de marketing en Russie pour défendre l'appellation. Il réfléchit aussi à la délivrance systématique d'un certificat d'authenticité pour tous les pays.

Le cognac, dont la production est exportée à 95%, a rapporté à la balance commerciale française 1,5 milliard d'euros en 2006, une progression de 10,5% par rapport à 2005.