L'opérateur de la Bourse de Francfort, Deutsche Börse, tente de rompre son isolement sur un marché boursier en pleine consolidation en s'emparant pour 2,8 G$ US de la plate-forme américaine de dérivés International Securities Exchange (ISE).

L'opérateur de la Bourse de Francfort, Deutsche Börse, tente de rompre son isolement sur un marché boursier en pleine consolidation en s'emparant pour 2,8 G$ US de la plate-forme américaine de dérivés International Securities Exchange [[|ticker sym='ISE'|]].

L'ISE est le partenaire de la Bourse de Toronto [[|ticker sym='T.X'|]] qui rivalisera dès mars 2009 avec la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]] dans le monde des dérivés.

Le groupe allemand a annoncé lundi dans un communiqué qu'il «envisageait» d'acquérir dans une transaction amicale l'International Securities Exchange (ISE) via Eurex, sa société conjointe avec le gestionnaire de la Bourse suisse SWX.

Deutsche Börse va proposer 67,50 $ US par action ISE en numéraire, ce qui valorise le groupe autour de 2,8 G$ US. Cela représente une prime généreuse de plus de 48% par rapport au cours de clôture de l'ISE vendredi.

L'opération reste conditionnée au feu vert du conseil de surveillance de Deutsche Börse, qui doit se réunir plus tard dans la journée, et à l'approbation des conseils d'administration de SWX et de l'ISE. Le gendarme boursier américain, la SEC, devrait se pencher elle aussi sur le dossier.

Le titre Deutsche Börse était suspendu à la Bourse de Francfort dans l'attente de nouveaux développements. A New York, les investisseurs applaudissaient, l'ISE s'envolant de 43% à 65,29 $ US vers 11h.

En faisant main basse sur l'ISE, Deutsche Börse se renforce sur le très rentable marché des contrats d'options.

Dans ce type de contrats, une partie confère à une autre le droit d'acheter ou de vendre un produit - action, obligation, devise ou marchandise - à un prix convenu et durant une période prédéterminée.

Deutsche Börse et la Bourse suisse SWX contrôlent à 50/50 Eurex, l'incontestable numéro un mondial des dérivés - options, contrats à terme et contrats d'échange.

Mais malgré ses positions solides, Eurex n'a jamais réussi à s'imposer sur le marché américain, largement dominé par les opérateurs locaux.

Après de longs avatars, Deutsche Börse a même dû jeter l'éponge l'été dernier et vendre la majorité de la filiale américaine Eurex US au groupe d'investissement britannique MAN Group.

L'ISE va lui permettre de combler ce vide. La plate-forme américaine est le numéro deux aux États-Unis des contrats d'options avec une part de marché de 28%, derrière le Chicago Board Options Exchange (CBOE), avec 37%.

La société, fondée en 2000, a enregistré un chiffre d'affaires de 178 M$ US l'an dernier et un bénéfice net de 55 M$ US. L'ISE est cotée depuis 2005 à la Bourse de New York [[|ticker sym='NYX'|]].

Principal motif de satisfaction pour Deutsche Börse : l'opérateur allemand est enfin en passe de boucler une tentative de rapprochement après une longue série d'échecs. Ces dernières années, il a tenté en vain de fusionner avec le London Stock Exchange puis Euronext, qui lui a finalement préféré le New York Stock Exchange.

Plus récemment, il a essayé de se marier avec les Bourses de Milan et de Madrid, des projets qui sont également restés sans suite.

Le groupe allemand était aussi sous pression sur le marché des dérivés avec les offres concurrentes de fusion du Chicago Mercantile Exchange [[|ticker sym='CME'|]] et de l'IntercontinentalExchange (ICE) pour le Chicago Board of Trade [[|ticker sym='BOT'|]].

Les analystes jugeaient du coup la transaction très positive.

«Malgré la prime offerte, le rachat de l'ISE reste une opération bon marché, surtout si on le compare aux acquisitions annoncées récemment dans le secteur. Avec cette transaction, Deutsche Börse met également la main sur une plate-forme très bien positionnée sur le plan technologique», jugeait Andreas Pläsier, analyste chez MM Warburg.