La ministre du Patrimoine Bev Oda a rencontré jeudi les administrateurs du Fonds canadien de télévision pour faire le point avec eux. En coulisse, les câblos clament toutefois que le sort de l'organisme est déjà scellé.

La ministre du Patrimoine Bev Oda a rencontré jeudi les administrateurs du Fonds canadien de télévision pour faire le point avec eux. En coulisse, les câblos clament toutefois que le sort de l'organisme est déjà scellé.

«Le FCT ne peut pas être réparé. Il est mort. Fini. Disparu», a confié le vice-président aux affaires corportatives et réglementaires de Shaw, Ken Stein, au lendemain d'un entretien avec Mme Oda.

M. Stein a fait ces confidences au bulletin spécialisé cartt.ca, qui s'adresse aux membres de l'industrie des télécommunications et de la télédiffusion. Selon M. Stein, les dirigeants de Rogers, Bell ExpressVu et Quebecor participaient aussi à la réunion.

À l'instar de Shaw, Quebecor soutient que le fonds ne répond plus aux besoins de l'industrie. L'entreprise qui chapeaute le câblodistributeur Vidéotron et le réseau de télévision TVA souhaiterait conserver les 14 millions $ qu'elle verse au fonds chaque année pour financer ses propres projets d'émissions.

Le vice-président directeur de Quebecor, Luc Lavoie, a refusé de commenter les propos de Ken Stein jeudi.

«Ce qu'on avait à dire a été dit», a-t-il déclaré. La société promet toutefois d'avoir du nouveau «dans un avenir relativement rapproché».

Les déclarations de M. Stein et celles de Mme Oda ont eu des répercussions au Parlement. Inquiet de voir disparaître le fonds, le porte-parole du Nouveau Parti démocrate en matière de patrimoine, Charlie Angus, a demandé la tenue d'audiences en comité sur l'organisme et sur les mécanismes de financement de l'industrie télévisuelle.

Sa motion a été adoptée à l'unanimité par les membres du groupe parlementaire. D'après M. Angus, les audiences devraient durer au moins quatre jours et permettre d'entendre la ministre Oda, les partenaires financiers du fonds, les télédiffuseurs ainsi que les producteurs privés.

Ces derniers pourront d'autre part exprimer leurs inquiétudes en personne à la ministre. Une porte-parole de Bev Oda a en effet confirmé jeudi que des rencontres avec les dirigeants de ces entreprises seraient organisées au cours des prochaines semaines.

«La ministre prend la situation très au sérieux et pour elle, c'est important d'avoir les opinions et les propositions du secteur de la production et de la radiodiffusion», a expliqué l'attachée de presse Véronique Bruneau.

La ministre dit vouloir éviter que les compagnies de ces domaines souffrent de la crise actuelle. Ses déclarations publiques ne permettent toutefois pas de conclure qu'elle souhaite la survie du fonds, ou si elle préférerait une autre formule.

En Chambre, jeudi, elle a qualifié les critiques des libéraux et du NPD de «grossières exagérations» et assuré qu'elle continuait à travailler pour trouver une solution à la crise, pour que les Canadiens bénéficient de productions de qualité.

La semaine dernière, la ministre a renouvelé pour deux ans le soutien financier du gouvernement au FCT.

Cela permettra au fonds de respecter ses engagements pour la saison 2006-2007, malgré le trou dans son budget provoqué par la décision de Vidéotron et de Shaw de suspendre leur contribution.

Même si elle a calmé les esprits, cette mesure n'a toutefois pas réglé les problèmes structurels du fonds.

Vidéotron et Shaw reprochent entre autres à l'organisation de financer des productions diffusées à Radio-Canada et de ne pas tenir compte des nouvelles réalités du monde des médias, et notamment de la vidéo sur demande.

En vertu de la réglementation canadienne, les câblodistributeurs sont tenus de verser 5 pour cent de leurs revenus annuels au fonds mis sur pied en 1996 pour aider au financement de productions indépendantes.

Depuis sa création il y a 12 ans, le fonds a investi 2,22 G$ pour soutenir 4470 productions.

L'argent est versé directement aux maisons de production privées et non aux télédiffuseurs.