En promettant des synergies annuelles de 250 M$ US à l'annonce de leur fusion, Abitibi-Consolidated (T.A) et Bowater (BOW) ont fait miroiter la possibilité de fermer des installations.

En promettant des synergies annuelles de 250 M$ US à l'annonce de leur fusion, Abitibi-Consolidated [[|ticker sym='T.A'|]] et Bowater [[|ticker sym='BOW'|]] ont fait miroiter la possibilité de fermer des installations.

Les analystes qui suivent le secteur des papetières et forestières sont d'accord pour prédire des fermetures ou des cessions d'activités.

«AbitibiBowater détiendra environ 55% à 60% de la capacité dans le papier journal en Amérique du Nord», dit Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins.

«Le niveau de concentration dans le papier commercial est aussi très élevé et nous nous attendons à ce que cette transaction soit complexe au point de vue concurrence», ajoute l'analyste.

«Nous voyons cette annonce d'un bon oeil pour l'industrie du papier journal en Amérique du Nord car un marché plus concentré donnera une industrie plus disciplinée», commente pour sa part Hugues Bourgeois, de la Financière Banque Nationale.

«Les compagnies pourront mieux s'adapter à la demande grâce à des fermetures temporaires et permanentes», poursuit-il.

Donnacona jugée vulnérable

Jim Rowland, analyste indépendant de l'industrie, y met toutefois un bémol. Les décisions prises devront tenir compte de la vigueur du dollar canadien face à la devise états-unienne.

«Les choix seront fait en fonction de cela, dit-il. Si le dollar continue à baisser, ça protègera des installations. Sinon, des usines québécoises peuvent être touchées par des compressions.»

S'il y a des fermetures, où se feront-elles ?

«Au Québec, précise M. Rowland, je pense que c'est Donnacona qui est vulnérable. Ailleurs, je devine qu'il faut regarder du côté de Grand Falls (Terre-Neuve) et Fort William (Ontario).»

Les syndiqués inquiets

Cette situation ne laisse pas les travailleurs syndiqués de glace.

Le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, le plus grand de l'industrie avec ses 150 000 membres, tire la sonnette d'alarme. Il craint que la fusion ne dévaste encore plus les communautés forestières.

«Cette annonce est une raison de plus pour laquelle le premier ministre Harper devrait convoquer sur-le-champ un sommet national de tous les intervenants pour discuter de l'avenir du secteur forestier», affirme Dave Coles, président du SCEP.

«En matière de fusions et d'acquisitions, l'expérience nous a appris que les soi-disant synergies ne reviennent en fait qu'à des fermetures d'usine, à l'élimination d'emplois et à la dévastation de nos communautés, rappelle M. Coles. Nos industries et nos communautés dépendant de la forêt sont déjà en crise et ont perdu environ 10 000 emplois depuis quelques années.»

Le syndicaliste martèle que Stephen Harper doit intervenir pour préserver des emplois.

«Tous les Canadiens et les Canadiennes seront influencés par ce qui se passe et méritent de savoir si la fusion est dans l'intérêt du public. Les forêts constituent l'une des principales ressources naturelles de propriété publique du Canada, et nous croyons que le premier ministre Harper doit obliger l'industrie à éclaircir ses projets.»