«Les biotechnologies, c'est comme les mines. Tant que vous n'avez rien trouvé et qu'on roule sur des promesses, vous allez voir les titres monter. Quand les vraies nouvelles s'en viennent, sortez de là. »

«Les biotechnologies, c'est comme les mines. Tant que vous n'avez rien trouvé et qu'on roule sur des promesses, vous allez voir les titres monter. Quand les vraies nouvelles s'en viennent, sortez de là. »

Le conseil vient de Jean-Paul Giacometti, gestionnaire de portefeuille chez Claret - un homme qui n'investit pas dans ce secteur d'activité. Car la débâcle de Neurochem vient aussi rappeler aux investisseurs une vérité qu'on a souvent tendance à oublier en période d'euphorie: la biotechnologie est un secteur risqué.

Neurochem visait gros avec l'Alzhemed: le marché est évalué à trois milliards de dollars US aux États-Unis seulement. Mais on l'a vu cette semaine, les mauvaises nouvelles peuvent entraîner d'importantes glissades.

«C'est souvent du tout ou rien dans ces affaires-là. Il n'y a pas d'entre deux. C'est du casino à long terme», dit M. Giacometti.

Son message aux particuliers tentés par les titres de biotechnologie est donc clair: avant d'y placer son argent, il faut comprendre dans quel type d'investissement on s'embarque. Et avoir le coeur solide.

«Ça ne veut pas dire que les compagnies sont toutes mauvaises, loin de là, nuance-t-il. Mais il faut toujours être prêt à perdre sa chemise au complet quand on fait ce genre d'investissement.»

Certes, le président et chef de la direction de Neurochem, le docteur Francesco Bellini, est derrière BioChem Pharma, le plus gros succès pharmaceutique de l'histoire du Québec. «Mais je pense que vous avez plus de chances de vous faire frapper par un avion, un train et un éclair en même temps que de trouver deux fois dans votre vie une molécule qui fonctionne», lance M. Giacometti.

Selon Claude Bismuth, associé principal, sciences de la vie, chez Ernst & Young, plusieurs investisseurs ont une mauvaise conception des risques associés au développement d'un médicament. Avant d'atterrir sur les tablettes des pharmacies, celui-ci doit être testé sur les animaux (les tests précliniques), puis sur des cohortes d'êtres humains (essais cliniques de phase I, II et III).

«Les gens ont l'impression que les plus gros risques sont dans les petites sociétés qui en sont au stade préclinique ou en phase I et II, dit M. Bismuth. Ils sous-estiment le risque des produits en phase III. Oui, les risques sont plus élevés au début du développement. Sauf que les sommes misées sont alors beaucoup moindres.»

M. Bismuth observe que de plus en plus de médicaments franchissent toutes les étapes... avant d'échouer à la toute dernière. «On observe un certain recul du taux de succès des produits en phase III, note-t-il. Avant, on disait que le taux de passage était d'environ deux tiers. Sans avoir de statistiques précises, je dirais qu'on doit plutôt tourner aujourd'hui autour de 50%.»

Prakash Gowd, analyste en biotechnologie pour la Financière Banque Nationale, n'aime pas cette vision du "tout ou rien" entourant les investissements en biotechnologie. «C'est sûr que c'est un secteur beaucoup plus risqué que le secteur bancaire ou financier, admet-il. Mais ça se compare aux entreprises techno en démarrage, ou au domaine minier. Il y a toujours moyen de gérer le risque. C'est une question de faire son travail, d'identifier les risques et de les comprendre.»