Dans le contrat qu'il vient d'accorder à Boeing pour quatre avions de transport C17, le gouvernement fédéral n'a pas voulu forcer le géant américain à réserver un pourcentage minimum de retombées au Québec parce qu'il ne voulait pas s'"ingérer dans des contrats de nature privée".

Dans le contrat qu'il vient d'accorder à Boeing pour quatre avions de transport C17, le gouvernement fédéral n'a pas voulu forcer le géant américain à réserver un pourcentage minimum de retombées au Québec parce qu'il ne voulait pas s'"ingérer dans des contrats de nature privée".

Il n'a cependant pas hésité à exiger un minimum de retombées pour les PME.

Si l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA) salue l'inclusion d'une clause favorisant les petites et moyennes entreprises en leur réservant 15 % des retombées, elle déplore toujours le fait qu'on ne réserve rien pour le Québec.

"C'est inacceptable, a déclaré la directrice général de l'AQA, Sue Dabrowski, en entrevue téléphonique. Avant, ils parlaient de retombées industrielles régionales. Maintenant, ils parlent de retombées industrielles canadiennes. Je comprends qu'ils ne veulent pas dire à Boeing: allez ici, allez là-bas. Mais il faut au moins protéger l'industrie."

L'industrie québécoise représente de 55 à 60% de l'industrie canadienne de l'aérospatiale. Elle espérait donc récupérer une proportion équivalente des retombées industrielles liées au contrat des appareils C17, un gigantesque contrat de 1,8 milliard de dollars pour les avions, les moteurs et l'infrastructure, accompagné d'un contrat de soutien en service de 1,6 milliard sur une durée de 20 ans.

Boeing est tenue d'investir un dollar au Canada pour chaque dollar prévu au contrat, soit un total de 869 millions, ce qui correspond au coût des appareils, sans les moteurs.

L'industrie québécoise craignait que le gouvernement fédéral n'exige qu'un minimum de 15% des retombées pour le Québec. Elle redoutait notamment que Boeing canalise l'essentiel de ses investissements vers son usine de matériaux composites de Winnipeg.

Ottawa n'a même pas atteint la barre de 15% pour le Québec.

"Il n'y a pas de minimums régionaux", a déclaré Isabelle Fontaine, directrice des communications du ministre fédéral de l'Industrie Maxime Bernier.

Mme Fontaine a toutefois fait valoir que Boeing devra faire la preuve qu'il a "raisonnablement bien réparti ses investissements au Canada".

"Ce ne serait pas acceptable qu'ils mettent tous leurs oeufs dans le même panier", a-t-elle lancé.

En annonçant l'attribution du contrat des C17 à Boeing vendredi dernier, et en faisant savoir qu'il n'y aurait pas d'exigences régionales en fait de retombées, le ministre Bernier avait déclaré qu'Ottawa ne voulait pas s'ingérer dans des contrats de nature privée.

"Nous ne sommes pas un gouvernement qui croit au patronage ou à l'ingérence politique", avait-t-il déclaré.

Par contre, Mme Fontaine a indiqué cette semaine que Boeing devra réserver aux PME canadiennes 15% des retombées industrielle.

"C'est non négociable, a-t-elle déclaré. L'idée, c'est d'encourager le manufacturier à développer des relations avec de nouveaux fournisseurs, de maximiser le fait qu'il ait recours à de plus petits acteurs de l'industrie, de faire en sorte qu'un plus grand nombre d'acteurs puissent bénéficier des retombées industrielles."

Aux États-Unis, plusieurs programmes mis sur pied par la Small Business Administration visent à favoriser les PME dans le cadre des marchés publics. Certains de ces marchés peuvent être entièrement réservés aux PME, ou réservés en partie. Ou encore, les grandes entreprises qui décrochent des contrats gouvernementaux doivent faire participer les PME par l'entremise de la sous-traitance.

Au Canada, le Bureau des petites et moyennes entreprises du ministère des Travaux publics aide les PME à faire face aux système des achats du gouvernement canadien. Il n'exige toutefois pas qu'on réserve certains marchés aux PME. Par contre, Industrie Canada peut avoir certaines exigences au niveau de la sous-traitance lorsqu'il est question de très grands contrats.

Ottawa doit notamment attribuer un contrat de 4,9 milliards pour des avions de transport tactiques et un contrat de 4,7 milliards pour 16 hélicoptères de transport. L'avion C130J de Lockheed Martin et l'hélicoptère CH47 de Boeing devraient respectivement remporter la partie. Mme Dabrowski a dit que Lockheed Martin travaillait déjà avec l'AQA pour essayer de conclure des ententes avec des PME et ainsi répondre aux exigences liées aux retombées destinées aux petites et moyennes entreprises.