S'il existait des Jeux olympiques pour la mise sur pied d'une entreprise, la PME Kooll Desserts de Saint-Hyacinthe serait sans doute championne de l'épreuve du 100 mètres.

S'il existait des Jeux olympiques pour la mise sur pied d'une entreprise, la PME Kooll Desserts de Saint-Hyacinthe serait sans doute championne de l'épreuve du 100 mètres.

En effet, il n'a fallu qu'un an aux fondateurs de ce fabricant de desserts laitiers pour rédiger un plan d'affaires, convaincre des banquiers, construire une usine de 25 000 pieds carrés et mettre ses produits sur le marché.

Derrière cet exploit se cache une poignée de gens qui ont roulé leur bosse dans des multinationales de l'agroalimentaire. Leurs connaissances du milieu leur ont ouvert des portes. Mais les deux hommes d'affaires derrière le projet Lionel Ettedgui, président, et Alain Bracchi, vice-président ventes et marketing en ont travaillé un coup depuis un an.

Mais pourquoi être allé si vite ? Pour prendre de vitesse la concurrence, disent-ils simplement. Selon les deux fondateurs de Kooll Desserts, le marché nord-américain des desserts laitiers frais n'était pas très développé.

" En Europe, en Asie, au Proche-Orient, les multinationales comme Danone et Nestlé sont très présentes dans ce marché milliardaire. Ce géants n'ont pas de division laitière en Amérique du Nord, on y a donc vu une occasion d'affaires ", explique Lionel Ettedgui, un ancien de Nestlé en Europe et en Afrique.

L'investissement

À ce jour, 15 millions de dollars ont été investis dans l'entreprise Kooll Desserts, qui souhaite être rentable d'ici trois ans. Il y a à peine deux mois, la PME de Saint-Hyacinthe lançait ses produits. Ceux-ci sont maintenant disponibles dans à peu près toutes les grandes surfaces alimentaires du Québec.

Les produits de Kooll Desserts viennent tout juste d'arriver en Ontario. La PME prévoit envahir le reste du Canada au cours des prochains mois. Une percée sur le marché américain devrait suivre d'ici un an. Selon les dirigeants de la PME de 30 employés, le marché nord-américain du dessert laitier représente un potentiel de plus de deux milliards de dollars.

Kooll Desserts se définit comme une " laiterie pâtisserie ". Elle fabrique entièrement ses produits dans ses installations neuves du boulevard Choquette à Saint-Hyacinthe. Elle reçoit le lait frais acheté des producteurs de la région et le transforme en produits emballés, prêts à être livrés sur les tablettes. La capacité actuelle de production de la PME est de 15 millions de litres de lait.

L'entreprise maskoutaine offre trois familles de desserts et collations prêts-à-manger : Creemm (trois saveurs rappelant la texture du pudding); Mooss (trois saveurs de mousse); et Kookk (une crème caramel, une crème brûlée et un fondant au chocolat). Ces produits sont vendus entre 3,99 $ et 4,99 $ pour un emballage de quatre.

" Sauf pour le fondant au chocolat, tous nos produits sont à base de lait entier. Les taux de sucre sont faibles. Nous offrons une belle alternative avec nos desserts santé. Nous avons misé sur la qualité des ingrédients. Au Canada, les dépenses en produits laitiers représentent 14 % du panier d'épicerie hebdomadaire. Au Québec, ça frise les 15 % ", dit Alain Bracchi, qui a travaillé pendant 10 ans pour Parmalat.

CONVAINCRE LES BANQUIERS

Pour Lionel Ettedgui, président et cofondateur de Kooll Desserts, il est faux de croire que les banques ne prêtent qu'aux riches.

" C'est un lieu commun ", dit le principal intéressé.

" Nous avons connu un démarrage non conventionnel, atypique, affirme M. Ettedgui. Au lieu de commencer à petite échelle, nous avons choisi de fonctionner comme une multinationale, c'est-à-dire de se positionner pour fabriquer un produit de qualité à grande échelle. Si les banques ont suivi, c'est à cause de la qualité de notre projet et surtout, de l'opportunité de marché "

Bref, affirme Lionel Ettedgui, " si vous n'êtes pas capable de convaincre une institution financière, comment voulez-vous convaincre les clients que votre produit est le meilleur ? "

Les principaux bailleurs de fonds de Kooll Desserts sont la Banque Nationale, la BDC, le Fonds de solidarité de la FTQ, de même qu'Investissement Québec.

SE FAIRE CONNAÎTRE À PEU DE FRAIS

Kooll Desserts a la prétention de fonctionner comme une multinationale. Du moins, dans la façon de produire ses desserts. Mais pour ce qui est des budgets de publicité et des autres méthodes de mise en marché, la PME montérégienne a dû faire preuve d'imagination.

À défaut d'avoir les moyens de s'offrir d'onéreuses campagnes publicitaires imprimées et dans les médias électroniques, la jeune entreprise québécoise a récemment sillonné la province à la recherche d'événements populaires pour se faire connaître.

"Nous avons distribué gratuitement des dizaines de milliers de contenants lors de différents défilés du père Noël, de même que dans différents festivals. Il faut faire une éducation. Nous commanditons aussi différentes équipes sportives en leur donnant de nos produits. C'est du sponsoring direct. À défaut d'être riche, il faut être créatif", explique Annie Trudel, chef de produit à Kooll Desserts.