Pendant des années, les fiducies de revenu ont fait le bonheur des investisseurs, souvent des retraités, qui appréciaient leurs distributions élevées et régulières. Ceux qui avaient pu les confondre avec des obligations, ont déchanté depuis un an.

Pendant des années, les fiducies de revenu ont fait le bonheur des investisseurs, souvent des retraités, qui appréciaient leurs distributions élevées et régulières. Ceux qui avaient pu les confondre avec des obligations, ont déchanté depuis un an.

Le 31 octobre dernier, le fédéral a annoncé la fin de leur privilège fiscal, à partir de 2011. D'ici là, impossible de créer de nouvelles fiducies. Et celles qui existent sont limitées dans leur croissance.

Les titres des fiducies ne s'en sont pas relevés. Depuis un an, une cinquantaine de fiducies ont été achetées ou sont en voie de l'être.

«L'an dernier, il y avait 250 fiducies. On pense qu'avant 2011, il n'en restera plus que 50. Il y aura encore beaucoup de fusions, d'acquisitions, de reconversions», prédit Luc Girard, directeur du Groupe de conseil en portefeuilles de Valeurs mobilières Desjardins.

Fairborne Energy Trust, cette semaine, a été parmi les premières à annoncer sa reconversion en corporation. Coincée par la faiblesse du prix du gaz et la hausse du dollar canadien, la fiducie maintenait difficilement ses distributions.

Ses réserves se vidaient. Pour retourner creuser le sol, elle avait besoin de financement. Un investisseur privé lui a promis 100 millions. Mais après sa métamorphose, Fairborne cessera ses distributions et conservera tous ses fonds autogénérés (cash-flow) pour stimuler la croissance de sa production.

«C'est la vraie mort d'une fiducie», constate Marc Gagnon, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle-Alliance.

Il espère que les fiducies intéressantes resteront fidèles à leur tradition, qu'après 2011, elles verseront toujours des dividendes. Compte tenu de l'impôt, le rendement sera moins élevé. Mais il pourrait demeurer autour de 6 à 8%, souhaite M. Gagnon.

«Les fiducies auront avantage à le faire. Les baby-boomers vieillissent et alimenteront la demande pour ce genre de placement», dit-il.

Mais d'ici là, l'univers des fiducies est condamné à rétrécir. «C'est comme un bain plein d'eau, dont on a retiré le bouchon», illustre M. Girard.

Reste que plusieurs fiducies ont encore un bel avenir. «Il faut arrêter de se concentrer sur la structure elle-même, et étudier les entreprises en tant que tel», soutient Kevin Hall, gestionnaire de portefeuille au Groupe de fonds Guardian.

À son avis, les fiducies qui continueront d'augmenter leurs revenus et leurs fonds autogénérés d'ici trois ans absorberont le choc.

M. Hall suggère par exemple BFI Canada, un chef de file de la gestion des déchets qui affiche une bonne croissance interne.

De son côté, M. Gagnon pointe le détaillant de chaussures Sterling Shoes, une fiducie de l'Ouest qui se déploie vers en Ontario. Le gestionnaire aime aussi Canadian Helicopters qui offre ses services de transport à l'industrie minière en Ontario, un secteur en effervescence.

M. Girard reste plus défensif, citant Gaz Métropolitain. Avec des contrats à très long terme, on peut prévoir cinq ans d'avance, dit-il. En outre, la société distribue un faible pourcentage de ses bénéfices, ce qui lui permettrait de hausser facilement ses distributions.

Quant à Keith Farrant, analyste chez Claret, il met en lumière le fabricant de laine minérale OFI. La crise de l'immobilier et la vigueur du dollar canadien l'ont amoché. La fiducie arrive tout juste à maintenir ses distributions.

Mais la direction protège ses investisseurs. Les dirigeants qui possèdent 44% des titres, se sont engagés à réduire graduellement leur participation s'ils n'atteignent pas les objectifs. Un peu comme une option à l'envers!

«C'est la seule fiducie que je connaît qui fait ça», admet M. Farrant.

L'énergie en panne

Plus de la moitié des fiducies baignent dans le secteur de l'énergie, plus particulièrement dans le gaz naturel qui vit des temps durs.

«Le gaz, c'est un pari sur la météo! Je préfère miser sur quelque chose de plus prévisible», dit M. Farrant. Il cite néanmoins le titre de Precision Drilling, un fournisseur de service à l'industrie de l'énergie.

«Tout le monde la déteste», dit-il. Mais l'entreprise a une bonne marge de manoeuvre, ce qui réduit les risques qu'elle coupe ses distributions.

Une autre solution: favoriser les fiducies orientées vers le pétrole, comme Crescent Point Energy, dit M. Hall. La fiducie est relativement à l'abri de la future redevance albertaine, car une bonne partie de sa production provient de la Saskatchewan.

On peut aussi profiter du pétrole par la bande. Black Diamond loue des roulottes qui permettent d'héberger les travailleurs des sables bitumineux. «Les logements sont difficiles à dénicher. Il crée de petites villes», dit M. Gagnon.

Sauvées des eaux

Comme les fiducies immobilières sont les seules qui ne seront pas touchées par le futur impôt, Luc Girard en recommande quelques-unes.

Boardwalk Equities qui est propriétaire de 36 000 unités de logements, tire 60% de ses revenus de l'Alberta.

«C'est une manière indirecte d'investir dans le pétrole», dit-il. Le boom de l'énergie crée une telle surchauffe économique que le taux d'inoccupation de ses logements est pratiquement nul.

Le rendement est assez faible (3,7%), mais le potentiel de gain en capital est énorme, juge M. Girard.

Du côté du commerce de détail, il suggère Calloway qui tire le quart de ses revenus d'un client solide: Wal-Mart. Il recommande aussi Huntington, une fiducie beaucoup plus petite, mais qui a la capacité d'élargir son portefeuille d'immeubles.