"Je pratique le plus vieux métier du monde", lance l'homme originaire des Cévennes, sourire moqueur aux lèvres. Pendant quelques instants, il prend un malin plaisir à laisser planer un silence interrogatif. Enfin, il ajoute: "Je suis un cueilleur!"

"Je pratique le plus vieux métier du monde", lance l'homme originaire des Cévennes, sourire moqueur aux lèvres. Pendant quelques instants, il prend un malin plaisir à laisser planer un silence interrogatif. Enfin, il ajoute: "Je suis un cueilleur!"

Évidemment. Mais c'est toujours plus facile à deviner quand on sait que l'entreprise que Patrick Garcia gère s'appelle L'Ardoisière aux champignons. S'il a commencé il y a quelques années en se limitant à la cueillette de toutes les variétés sauvages et comestibles de champignons qu'il trouvait près de chez lui, il a vite élargi ses recherches pour arriver à en vivre toute l'année.

"Il y a vraiment un gros avantage à se diversifier, à la fois parce que ça évite la cueillette intensive, permettant de préserver le milieu, et pour arriver à toujours avoir quelque chose à cueillir: légumes, fruits, champignons. Il n'y a pas de temps mort", explique M. Garcia.

Pissenlit, topinambour, orpin, sureau et asclépiade font partie de la longue liste des espèces qui prennent le chemin des restaurants ou des marchés d'alimentation naturelle. Mettre le pied à l'extérieur, c'est entrer dans son entrepôt à ciel ouvert.

À condition de se trouver à une vingtaine de kilomètres de sa résidence de Kingsbury. "Mais il y a quelques espèces pour lesquelles je dois aller un peu plus loin. Le thé du Labrador par exemple, il n'y en a pas beaucoup ici, je vais à Wickham pour en trouver."

En repérant les bouquets à proximité de sa demeure, il peut s'assurer que le temps est venu de s'exiler aussi loin.

Il porte aussi une attention bien particulière au milieu naturel. Le marais de Kingsbury, à quelques pas de chez lui, ne reçoit ses visites que pour des safaris-photos, malgré la variété de plantes dont il regorge. Territoire protégé oblige.

Dans le cas de certaines plantes plus rares, il limite sa cueillette à 5% de la talle. "Celles-là ne vont pas dans les magasins, juste dans les restaurants", précise le passionné.

D'ailleurs, tout ce qu'il récolte lui a préalablement été commandé. Il évite ainsi les pertes, conserve toujours un produit frais, et n'a pas à investir dans des entrepôts aussi immenses qu'inutiles.

En marchant à ses côtés, c'est toute l'étendue de ses connaissances qui saute aux yeux. Étonnant de voir le nombre de plantes qui peuvent être dégustées sans danger. Et c'est à se demander si une quelconque espèce lui réserve toujours quelque secret. "Oui, il y a beaucoup de plantes que je ne connais pas!"

L'autodidacte confirme que la littérature sur le sujet est incomplète. Et que, si l'utilisation culinaire des champignons est bien documentée, encore bien des mystères entourent l'utilisation des plantes sauvages comestibles.

Avec quelques autres passionnés, comme sa conjointe, les assiettes de tous les jours pourraient regorger de fruits de la nature sauvage avant longtemps.