Les dépenses de consommation ont ralenti en juin aux États-Unis, un clignotant d'alerte souligné par les analystes alors que les ménages sont traditionnellement le moteur de la croissance américaine.

Les dépenses de consommation ont ralenti en juin aux États-Unis, un clignotant d'alerte souligné par les analystes alors que les ménages sont traditionnellement le moteur de la croissance américaine.

Les dépenses de consommation des ménages ont progressé de 0,1% seulement par rapport à mai, ce qui est la hausse la plus faible depuis septembre dernier, alors même que leurs revenus ont augmenté de 0,4%.

Si on prend les chiffres ajustés de l'inflation, les dépenses sont même restées stables le mois dernier.

«Le ralentissement de la consommation doit être surveillé de près», estime l'économiste indépendant Joel Naroff.

Certes, une grande part de la décélération s'explique par un déclin des ventes de voitures après un mois de mai particulièrement vigoureux. Mais «l'inquiétude est que les consommateurs aient finalement décidé d'épargner et de ne pas dépenser tout leur salaire», note M. Naroff.

Sur ce plan, le rapport donne des nouvelles intéressantes.

Le ministère a révisé tous ses chiffres depuis janvier 2004 et il apparaît désormais que l'épargne a été positive ces trois dernières années, alors qu'au vu des précédents chiffres les analystes s'était inquiétés de la propension des Américains à dépenser plus qu'ils ne gagnent.

C'est une bonne chose pour l'équilibre financier des ménages. Mais pour la croissance, la nouvelle est plus mitigée.

L'économie américaine est traditionnellement portée par les dépenses de consommation. Au premier trimestre encore, ce sont elles qui ont permis d'éviter la récession.

Mais des signes d'essoufflement ont été perceptibles au deuxième trimestre, puisqu'elles ont progressé de 1,3% seulement (après +3,7%).

En juin encore, «le consommateur a perdu de l'allant», note Nigel Gault du cabinet Global Insight, pour qui «les prix élevés de l'essence et le flot constant de mauvaises nouvelles sur le front de l'immobilier» ont pesé.

L'immobilier est unanimement identifié comme le risque numéro un pour la croissance, le danger étant que la débandade du secteur ne fasse tache d'huile et n'affecte les consommateurs.

Mardi encore, les analystes ont appris que les prix des logements dans les 10 plus grandes agglomérations avaient baissé de 3,4% en mai, et que les dépenses de construction privée résidentielle avaient baissé de 0,7% en juin.

Contrastant avec ces mauvaises nouvelles, le fort rebond de la confiance des consommateurs en juillet laisse toutefois espérer un mieux : selon l'institut privé Conference Board, elle a bondi au niveau le plus élevé depuis l'avant 11 septembre, dopée par l'amélioration de l'emploi notamment.

«Ce rebond laisse penser que l'activité pourrait accélérer un peu dans les mois à venir», a indiqué Lynn Franco, directrice des recherches sur les consommateurs au Conference Board.

Dans ce contexte, les économistes jugent que les chiffres de l'emploi de juillet, attendus vendredi, seront déterminants. Si les embauches restent vigoureuses, cela soutiendra le pouvoir d'achat des ménages.

Les analystes notent aussi qu'un ralentissement de la consommation plaide pour une politique de taux plus souple du côté de la banque centrale - surtout dans un contexte de ralentissement de l'inflation. En juin, l'indice des prix lié aux dépenses de consommation a progressé de 1,9% seulement sur un an. C'est la première fois en trois ans que l'inflation de base repasse sous la barre des 2% qui est le seuil de tolérance de la Banque centrale.

«Cela devrait provoquer des sourires chez les membres de la Fed», note M. Naroff.

La Banque centrale réunit son comité de politique monétaire mardi prochain.