Au grand plaisir de la Bourse de Toronto, le marché boursier canadien n'a jamais été aussi populaire. Mais la plus grande Bourse du pays connaîtra bientôt la rançon de la gloire: elle aura quatre concurrents d'ici un an.

Au grand plaisir de la Bourse de Toronto, le marché boursier canadien n'a jamais été aussi populaire. Mais la plus grande Bourse du pays connaîtra bientôt la rançon de la gloire: elle aura quatre concurrents d'ici un an.

Lundi, c'était au tour du géant mondial Instinet d'annoncer son arrivée sur le marché canadien, prévue pour le quatrième trimestre de 2007. Instinet promet un système de négociation boursière plus rapide que celui de la Bourse de Toronto. La société exploite des systèmes similaires aux États-Unis, en Europe et en Asie.

«Il y a place à l'amélioration au Canada, dit Tal Cohen, vice-président et responsable du marché canadien chez Instinet. Le Canada est le sixième marché boursier au monde. Le milieu est prêt pour un système plus rapide et plus performante comme le nôtre.»

Le Groupe TSX détient l'exclusivité sur l'inscription des sociétés à la Bourse de Toronto – mais pas sur la négociation des titres. Il ne s'inquiète pas de l'arrivée d'un autre concurrent qui se spécialise dans la négociation des titres inscrits chez lui.

«Leurs systèmes sont peut-être plus rapides que nos systèmes actuels, dit Richard Nadeau, premier vice-président de la Bourse de Toronto. Mais nous lancerons Quantum, l'un des systèmes boursiers les plus performants au monde, au cours du quatrième trimestre de 2007. Et la véritable question, c'est de savoir s'ils vont être capables d'attirer suffisamment de liquidités. Là-dessus, the jury is still out, comme disent les Anglais.»

Pour s'implanter au Canada, Instinet misera aussi sur le «dark trading». Les courtiers qui utiliseront Instinet échangeront ainsi leurs titres dans l'anonymat le plus complet – même le prix de la transaction ne sera pas dévoilé. «C'est très intéressant pour un courtier qui a une stratégie intéressante et qui ne veut pas la dévoiler à tout le marché», dit M. Cohen.

Instinet risque toutefois d'avoir une mauvaise surprise un jour ou l'autre: la Bourse de Toronto a obtenu l'autorisation de faire du «dark trading» la semaine dernière.

Et elle offre la possibilité aux courtiers de faire des transactions dans un certain anonymat (ils doivent dévoiler le prix de la transaction mais n'ont pas à réléver leur identité) depuis plus de deux ans, selon son porte-parole Steve Kee.

Outre Instinet, les courtiers canadiens auront accès à trois autres systèmes alternatifs de négociation boursière d'ici un an: TriAct Canada (ouverture le 13 juillet prochain), Pure Trading (ouverture avant la fin de l'année) et Alpha, un projet des six grandes banques canadiennes (ouverture en 2008).

Selon Instinet, environ 35% des transactions sur les titres du New York Stock Exchange sont effectuées par des systèmes de négociation alternatifs et non par le NYSE.

La proportion atteint même 50% sur la Bourse électronique NASDAQ.

«Les systèmes alternatifs de négociation boursière sont un phénomène mondial, dit Richard Nadeau, du Groupe TSX. Mais avec quatre nouveaux systèmes alternatifs au Canada (Instinet, TriAct Canada, Pure Trading et Alpha), la question est de savoir si le marché sera trop fragmenté pour tous ces nouveaux acteurs.»