Il n'y a pas que les internautes qui se font hameçonner par des individus se faisant passer pour Desjardins ou pour une autre institution financière. Les commerçants aussi se font embobiner.

Il n'y a pas que les internautes qui se font hameçonner par des individus se faisant passer pour Desjardins ou pour une autre institution financière. Les commerçants aussi se font embobiner.

Louis Bertrand tient une auberge à La Sarre, en Abitibi. Lui connaissait l'astuce, car d'autres commerçants dans son entourage s'étaient déjà fait attraper. Mais la dame qui répond au téléphone, à son auberge, n'en avait jamais entendu parler.

La stratégie est très simple. Un représentant téléphone à l'auberge. Il commence par s'enquérir du bon fonctionnement du terminal de point de vente (TPV), la machine qui permet d'exécuter les transactions avec les cartes de crédit et de débit.

Tout va bien? Tant mieux! Mais en guise de prévention, le représentant fournit le numéro de téléphone du service à la clientèle de Desjardins, au cas où il y aurait des problèmes. Comme c'est gentil!

L'aubergiste s'imagine alors qu'elle discute avec un employé de Desjardins. Elle lui fait donc confiance lorsque celui-ci la prévient que le prix du papier thermal va bientôt exploser. Il s'agit des rouleaux de papier sur lequel la machine imprime les relevés de transactions des clients.

Ça tombe bien, le représentant a justement des rouleaux de papier en solde. Il lui suggère d'en acheter plusieurs boîtes pour faire des réserves avant que le prix grimpe.

Quand M. Bertrand a reçu la commande, le nom du fournisseur figurait sur la boîte: Comptoir de fournitures, 180 René-Lévesque Est à Montréal. Absolument rien à voir avec Desjardins.

Insulté, il a remis le colis à la poste, moyennant des frais de 33,40$, en jurant de ne jamais payer la facture.

Informé par La Presse Affaires que des vendeurs usurpait son nom, Desjardins a tout de suite promis d'envoyer une mise en demeure.

Desjardins est au courant du stratagème depuis longtemps. À maintes reprises, elle a sommé des vendeurs d'arrêter d'utiliser son nom pour solliciter des clients. «Mais il semble qu'il en pousse régulièrement, soit de nouveaux, soit les mêmes qui repartent sous un autre nom», dit André Chapleau, porte-parole de Desjardins.

L'un d'eux a déjà candidement répliqué aux inspecteurs de Desjardins, qu'il n'utilisait pas seulement leur nom, mais aussi celui de toutes les autres institutions financières. Comme c'est beau la transparence!

Bell et l'arnaque de Sao Tomé

Il y a deux semaines, nous avons raconté l'histoire de deux lecteurs de La Presse victimes d'un détournement de modem. Bell maintient qu'ils doivent payer 600$ pour des interurbains dont ils n'ont jamais eu connaissance.

Selon Bell, le détournement de modem se produit lorsqu'un internaute télécharge certains programmes à partir de sites web peu scrupuleux. Une fenêtre d'information s'ouvre. On réclame le consentement de l'internaute pour aller de l'avant. Pressés, plusieurs ne prennent pas le temps de lire. Ils cliquent machinalement sur OK.

Automatiquement, la connexion Internet normale entre leur modem et leur fournisseur Internet est désactivée. Leur modem se rebranche à un autre fournisseur Internet, installé à Sao Tomé, en Estonie ou en Autriche, par exemple.

Le compteur interurbain commence à tourner.

Cette explication a fait sursauter Charles Tanguay, porte-parole de l'Union des consommateurs.

«Bell ne manque pas de souligner à chaque occasion qu'il s'agit d'une espèce de maladie honteuse qu'on ne retrouve que sur des sites pas trop recommandable... et que nécessairement, l'internaute à donné son consentement en cliquant», déplore-t-il.

Or, selon plusieurs spécialiste et consommateurs consultés par l'Union, on peut très bien être victime d'un détournement de modem sur n'importe quel site web, sans cliquer sur quoi que ce soit.

D'autre part, des lecteurs de La Presse Affaires se demandent pourquoi Bell n'est pas plus prévenant. «Nous avons été surpris de constater que Bell n'ait pas changé ses pratiques et rendue plus difficile les appels outre-mer», dit Daniel qui a subi le même sort en 2003.

L'entreprise ne pourrait-elle pas demander une confirmation ou carrément bloquer les appels pour certains pays à risque (Sao Tomé). «Ne sommes-nous pas à l'heure des hautes technologies?», demande Daniel.

D'ailleurs, d'autres fournisseurs le font. «En m'abonnant chez Rogers (Sprint), on m'a informé que ma ligne était protégée contre le détournement de modem», rapporte Francois.