En ce week-end du «Jour de la Terre», l'occasion est belle de réfléchir et d'agir pour réduire notre impact sur l'environnement.

En ce week-end du «Jour de la Terre», l'occasion est belle de réfléchir et d'agir pour réduire notre impact sur l'environnement.

Mais avec des trucs de recyclage et des styles de vie moins énergivores, nos placements financiers, aussi, peuvent être mis au vert! Et c'est plus facile que jamais auparavant, alors que se multiplient les moyens pour les petits investisseurs de pouvoir influencer les entreprises, afin qu'elles gèrent mieux leur empreinte environnementale.

«Avec leurs achats, les consommateurs forcent de plus en plus d'entreprises à réduire leur impact sur l'environnement. Mais cette influence grandit rapidement parmi les investisseurs au capital de ces entreprises, grâce à la croissance des fonds spécialisés», constate Peter Johnson, directeur du groupe canadien de pratiques d'affaires durables chez la firme-conseil PricewaterhouseCoopers, à Toronto.

Aussi, dit-il, ces fonds regroupés sur le thème de «l'investissement responsable» ont en bonne partie comblé le déficit de rendement qui les désavantageait auparavant, par rapport aux fonds généralistes.

«Les particuliers investisseurs n'ont plus à sacrifier de rendement s'ils veulent verdir leurs placements. Même que ce déficit s'est inversé pour certains fonds, depuis quelques trimestres, alors que s'amplifient les questions sur l'impact économique des dommages à l'environnement.»

D'ailleurs, un échantillon de fonds qui adhèrent aux principes de l'investissement responsable montre que leur rendement rivalise avec des indices généraux du marché boursiers. (voir tableau)

Même les quelques fonds les plus voués à des principes environnementaux font plutôt bien. Et l'un des meilleurs d'entre eux est d'origine québécoise, selon la firme indépendante Morningstar.

Il s'agit du fonds Desjardins environnement, dont le rendement depuis trois ans rivalise très bien avec l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto.

Ce fonds de 110 millions de dollars investit dans des actions d'entreprises qui font d'abord partie de l'indice S&P/TSX, mais qu'on a tamisé ensuite selon des critères environnementaux.

Ces critères sont gérés par un comité d'analystes dirigé par Claude Villeneuve, un universitaire québécois réputé en environnement.

Ce tamisage maintient un lot d'environ 80 entreprises - le tiers de tout le S&P/TSX - dans lequel doit puiser le gestionnaire du fonds Desjardins environnement.

«Les entreprises du tabac, de l'armement et du nucléaire sont exclues au départ. Les autres doivent obtenir un bon bulletin environnemental selon nos critères pour être admissibles. Aussi, ces critères et la liste d'entreprises sont révisés régulièrement», explique Hélène Gagné, directrice de commercialisation aux fonds Desjardins.

Bien sûr, le nombre et la taille encore limités des fonds d'environnement, comme celui de Desjardins, en restreignent encore l'influence sur les entreprises.Mais ça change rapidement.

«Lors des assemblées d'actionnaires, il y a de plus en plus de requêtes reliées à l'impact environnemental. C'est venu d'abord de gros investisseurs comme les caisses de retraite. Mais un nombre croissant de fonds spécialisés se manifestent avec des mandats de leurs membres», souligne Deborah Sisti, directrice de recherche chez Institutional Investors Services (ISS), de Toronto.

Cette firme est spécialisée dans la surveillance et la gestion de votes en assemblées annuelles pour des gestionnaires de gros portefeuilles.

Selon Mme Sisti, les entreprises de ressources naturelles furent les premières ciblées par les préoccupations vertes d'investisseurs.

Mais ça touche désormais presque tous les secteurs d'affaires, même les banques, pourtant dépourvues d'usines ou de parc de véhicules polluants.

«En fait, ce ne sont pas les banques elles même qui sont ciblées, mais leurs critères de financement de projets et d'entreprises», précise Mme Sisti.

«Les banques jaugent de plus en plus l'impact environnemental parmi les risques d'affaires des projets qu'elles financent. Ça découle en partie des préoccupations de leurs actionnaires les plus militants.»

Selon Peter Johnson, de PricewaterhouseCoopers, la gestion de l'impact environnemental déborde désormais d'un simple risque d'affaires parmi d'autres pour les entreprises qui veulent attirer les investisseurs en Bourse.

«Bien sûr, pour les actionnaires d'une entreprise, directs ou par l'entremise de fonds communs, il y a un intérêt financier à minimiser ses risques environnementaux. Mais aussi, l'attitude des dirigeants à ce sujet peut en dire long sur leur mentalité d'affaires», souligne M. Johnson.

«Si ces dirigeants négligent une meilleure gestion de l'impact environnemental, et les occasions d'affaires qui peuvent en découler, qu'en est-il de leur plan d'affaires plus général? Il risque aussi d'être déficient et incomplet, et nuire d'autant à la hausse de valeur d'une entreprise pour ses actionnaires.»

Indices verts

Cela dit, pour les particuliers investisseurs, d'autres moyens que les fonds communs émergent pour jauger du «bulletin environnemental» des entreprises.

En particulier, des indices boursiers spécialisés qui peuvent guider un premier tamisage d'entreprises, et orienter ses placements en conséquence.

C'est le cas des indices de développement durable mis au point par Dow Jones, l'une de plus importantes agences d'informations boursières aux États-Unis.

Le plus connu de ces indices, le Dow-Jones-durable mondial (DJSI-World), comprend 300 entreprises sélectionnées pour leurs bonnes pratiques sociales et environnementales, parmi les 2500 membres de l'indice général Dow Jones-mondial.

Cet indice DJSI-World gagne de plus en plus en prestige et en crédibilité. Au point ou des entreprises incluses, déjà parmi les plus importantes de la Bourse mondiale, n'hésitent pas à s'en vanter comme une très bonne note parmi les investisseurs.

Au Canada, une firme-conseil en gestion d'impact environnemental, Jantzi Research, est une pionnière à cet effet sur Bay Street.

Depuis six ans, cette firme torontoise gère l'indice «Jantzi Social». Il se compose d'entreprises canadiennes qui sont déjà dans l'indice S&P/TSX 60 de la Bourse de Toronto, mais qui adhèrent à des principes d'investissement responsable.

«Une bonne gestion de l'impact environnemental est devenue l'un des principes les plus importants, avec ceux reliés à l'impact social et la gestion de la main-d'oeuvre», indique Paula Glick, directrice de commercialisation chez Jantzi Research.

Pour le moment, les particuliers investisseurs peuvent accéder à l'indice Jantzi Social par un fonds commun de la firme Meritas, spécialisés en fonds d'investissement responsable.

Ce fonds Meritas indice Jantzi Social obtient trois étoiles sur cinq de la firme de cotation Morningstar. Et son rendement des dernières années se compare bien avec celui de l'indice S&P/TSX.

Bientôt, l'accessibilité à l'indice Jantzi Social pour les investisseurs, petits et grands, sera élargie, avec la création des titres «I-Shares Jantzi Social» par la firme financière Barclays.

Il s'agit de titres négociés à la Bourse de Toronto, surnommés «ETF» dans le jargon de Bay Street, et qui imitent des indices particuliers ou des fonds d'investissement populaires.

L'inscription à la cote des «I-Shares Jantzi Social» est prévue en mai.

«Ça devrait favoriser la liquidité boursière de notre indice, à l'avantage de tous les investisseurs soucieux de développement durable et d'environnement», selon Paula Glick, de Jantzi Research.

D'ailleurs, pour ceux que veulent en savoir plus, le président-fondateur de cette firme, Michael Jantzi, sera un conférencier lors du congrès canadien sur l'investissement responsable qui aura lieu à Montréal, du 27 au 29 mai prochains.