Pékin et Washington, dont les relations commerciales et économiques sont souvent tendues, ont annoncé mercredi la mise sur pied d'un "dialogue stratégique" pour tenter de régler leurs différends, à l'occasion de la visite en Chine du secrétaire américain au Trésor.

Pékin et Washington, dont les relations commerciales et économiques sont souvent tendues, ont annoncé mercredi la mise sur pied d'un "dialogue stratégique" pour tenter de régler leurs différends, à l'occasion de la visite en Chine du secrétaire américain au Trésor.

Henry Paulson, qui a entamé mardi à Hangzhou (est) une visite visant à encourager ses interlocuteurs officiels à accélérer la marche de la Chine vers les réformes financières, a estimé que ce nouveau dialogue était une "opportunité unique" pour rénover les liens économiques entre les deux pays.

"En tant que leaders de l'économie mondiale, nous partageons la responsabilité d'établir et de maintenir des marchés ouverts chez nous et un commerce libre et juste dans tous les pays", a ajouté l'ancien patron de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, au côté de l'ancienne ministre du Commerce Wu Yi, au Grand Palais du Peuple de Pékin.

Cette initiative permettra une meilleure compréhension entre les deux géants économiques, a affirmé pour sa part Mme Wu, vice-Premier ministre.

"Cela aura aussi un effet positif sur le développement de l'économie mondiale aussi bien que sur la stabilité mondiale et la sécurité", a ajouté celle qui est considérée comme "la femme la plus puissante de Chine".

Lorsqu'elle était ministre du Commerce, elle a présidé à l'adhésion du géant asiatique à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et continue à être très présente sur les questions économiques, adoptant des positions en faveur de la poursuite de l'ouverture de son pays.

Wu Yi co-présidera avec M. Paulson ce nouveau forum, différent, selon ses promoteurs, de la série de commissions bilatérales ou forums existant déjà, notamment parce que plus global, portant sur l'ensemble des relations économiques et financières, et non sur les différends qui font souvent l'actualité.

Connaisseur de la Chine où il s'est rendu plus de 70 fois quand il officiait à Wall Street, M. Paulson est partisan de travailler sur la relation sino-américaine de façon durable. Il ne cherche pas, selon ses propres mots, "des solutions à court terme" et ne souhaite sans doute pas non plus brusquer Pékin, conscient que cela serait vain.

"Ce que j'espère, a-t-il expliqué voici une semaine, c'est que, quand je quitterai mes fonctions dans deux ans et demi, les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis seront plus solides".

Selon lui, au-delà du problème de la sous-évaluation de la monnaie chinoise, un plus grand défi attend l'économie du Pays du Milieu: l'ouverture à la concurrence de son gigantesque secteur financier et l'essor de la consommation domestique, après le boom des exportations.

Un responsable américain ayant requis l'anonymat a cependant souligné que les Etats-Unis n'abandonneraient pas pour autant les pressions sur des sujets récurrents de friction, comme le taux de change du yuan ou les violations des droits de propriété intellectuelle.

"On ne doit absolument pas interpréter ça comme un coup de frein quant à l'attention portée à ces problèmes pressants", a-t-il dit.

L'approche du nouveau secrétaire au Trésor, trop nuancée pour certains de ses compatriotes, est en tous cas bien perçue en Chine, l'organe du parti communiste, le Quotidien du Peuple, ayant salué un changement "rafraîchissant".

Pour continuer son travail de fond sur les liens des "deux locomotives économiques" de la planète, M. Paulson devait aussi rencontrer mercredi un autre partisan des réformes, Ma Kai, ministre de la Commission nationale pour la réforme et le développement, principal organisme chinois de planification économique, ainsi que les ministres des Finances, du Commerce et de la Santé, jeudi.

Avant son départ vendredi, le président Hu Jintao en personne devrait le recevoir.

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