Les restaurateurs ne la trouvent pas facile, cette saison touristique, qui ne sera sûrement pas un grand cru.

Les restaurateurs ne la trouvent pas facile, cette saison touristique, qui ne sera sûrement pas un grand cru.

Le vice-président de l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ), François Meunier, souligne que la crise alimentaire fait doubler le coût de denrées comme la farine, que le salaire minimum vient d'augmenter de 50 cents, à 8,50$, et que le prix de l'essence gruge le budget discrétionnaire des ménages.

En outre, la pluie de la seconde moitié de juin 2008 "n'a pas profité aux terrasses, mais des clients ont par contre délaissé leur piscine pour le restaurant", ajoute François Meunier.

C'est surtout la situation économique qui est inquiétante pour les 4180 membres de l'ARQ, avec 90 000 employés dans plus de 6000 restaurants, qui ont réalisé des revenus de 9,1 milliards en 2007, en hausse de 2,4%. François Meunier précise que, tout comme pour l'industrie touristique du Canada et de Montréal, les visiteurs américains ne sont pas au rendez-vous.

Le pire en 36 ans

Le nombre de touristes américains au Canada en mars dernier a chuté à son plus bas niveau en 36 ans, souligne The Christian Science Monitor. Des données du 28 juin dernier montrent que les dépenses au Canada des visiteurs étrangers au premier trimestre ont établi leur pire score depuis 1999.

Le nombre des voyageurs américains au Canada a baissé de près du tiers depuis 2003 et celui de leurs escapades d'un jour, de 68,3% depuis 2001. «Le secteur est sur le bord d'une crise», déplore le président de l'Association canadienne du tourisme, Randy Williams.

«Il ne sera pas possible de compenser toutes ces pertes du principal bassin de la clientèle touristique par des Européens ou des Canadiens d'ailleurs, renchérit François Meunier. Par contre, il reste difficile de prévoir le comportement des Québécois: iront-ils davantage aux États-Unis avec leur dollar fort ou limiteront-ils leurs voyages à cause de l'essence?»

Déjà sous la pression de la baisse du marché touristique, «les restaurateurs se préoccupent réellement du coût des denrées alimentaires, de l'énergie et de la main-d'oeuvre. S'il n'y a pas de correction rapide, ça va faire mal, dit François Meunier. Déjà le nombre de faillites de restaurants a bondi de 20% au Québec en 2007».

L'industrie de la restauration ralentit depuis 2006 au Québec. Durant les quatre premiers mois de 2008, les ventes ont augmenté de 3,9%, contre 8,8% en Ontario.

«En fait, en tenant compte de l'inflation, les restaurateurs du Québec accusent sans doute une baisse des profits depuis six mois, dit le vice-président. Selon le ministère du Travail, la seule hausse du salaire minimum majore la masse salariale de 35 millions dans les restaurants et les hôtels».

Si le secteur de la restauration a connu en 2007 la plus forte croissance des employés, avec 20 000, indique François Meunier, ce ne sera sans doute pas le cas cette année, malgré la locomotive que pourront constituer les festivités du 400e anniversaire de la ville de Québec. «Jusqu'ici, c'est mitigé pour les restaurants à Québec, mais à cause toutefois de la météo.»

Dans ce contexte, l'ARQ travaille sur l'allègement réglementaire et a réussi à contrer la nouvelle taxe sur les repas à Montréal et la baisse du taux d'alcoolémie permis aux automobilistes au Québec, conclut le vice-président.