Le marché monétaire canadien est en voie de se rétablir à la suite de la crise du crédit de l'été, mais la rapide dégringolade du dollar américain ces derniers jours a engendré de l'incertitude, a estimé mardi le gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge.

Le marché monétaire canadien est en voie de se rétablir à la suite de la crise du crédit de l'été, mais la rapide dégringolade du dollar américain ces derniers jours a engendré de l'incertitude, a estimé mardi le gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge.

Lors d'un discours prononcé devant la chambre de commerce de Vancouver, M. Dodge a laissé entendre que la banque centrale n'était peut-être pas prête à modifier son taux d'intérêt directeur lors de sa prochaine annonce à ce sujet, prévue pour le 16 octobre, en raison de l'incertitude.

«Ces derniers jours, le dollar canadien a dépassé de beaucoup la fourchette de variation avancée dans la Mise à jour de juillet, et nous devons examiner les causes de cette appréciation, si elle devait persister», a-t-il déclaré.

«En outre, il existe une incertitude en ce qui concerne l'ampleur et la durée du resserrement des conditions du crédit au Canada et, par conséquent, l'effet modérateur que ce resserrement aura sur la croissance de la demande intérieure.»

«L'une des tâches les plus pressantes de la Banque du Canada au cours des prochains mois sera d'évaluer l'incidence sur les conditions du crédit et les implications pour l'économie canadienne de la turbulence sur les marchés financiers.»

Lors d'une séance de questions suivant son discours, le gouverneur Dodge a estimé que le dollar accomplissait son travail en équilibrant l'offre et la demande intérieures.

«Nous observons une dépréciation du dollar américain qui a différentes implications pour la politique monétaire, a noté M. Dodge. C'est le rôle de la banque centrale d'en évaluer les raisons de façon attentive.»

Il a plus tard indiqué aux journalistes que «l'impact des fluctuations de la devise sur les prix à la consommation est relativement faible et prend davantage de temps à se manifester (...) Alors l'impact immédiat d'un dollar fort sur l'inflation devrait être relativement faible».

Rappelant la nature de la crise du crédit qui s'est manifestée en août, M. Dodge a estimé que les banques centrales ne semblaient pas avoir pleinement compris l'impact de la facilité d'accès du crédit à faible taux d'intérêt.

Selon lui, la situation a déraillé lorsque les faibles taux d'intérêt mondiaux aidant, les investisseurs ont commencé à rechercher de meilleurs rendements, même si cela devait se traduire par des risques accrus.

En retour, les prêteurs ont tenté d'obtenir un maximum de confort pour les prêts à haut risque en les regroupant dans des instruments adossés à des rentrées d'argent générées par les rachats de prêts. Selon M. Dodge, ceci a eu pour effet de donner aux prêts à haut risque les apparences de prêts à moindre risque.

«J'ai l'impression que, ces dernières années, les banquiers centraux n'ont pas tout à fait compris à quel point l'augmentation de la titrisation a représenté un assouplissement des conditions du crédit, a-t-il déclaré. Le fait que les prêts étaient retirés des bilans permettait l'octroi d'un plus grand nombre de prêts.»

Comme il l'avait fait à Londres il y a deux semaines, M. Dodge a livré un plaidoyer en faveur d'une plus grande transparence de la part des émetteurs de créances titrisées, estimant que l'information sur la nature des différentes composantes des dettes regroupées devait être plus facilement accessible au public.