Claude Gauthier, l'administrateur du Fonds d'investissement en transformation alimentaire, a les yeux qui pétillent: «Ça fait trois ans que je me bats pour que ce Fonds-là voie le jour. Maintenant on va pouvoir commencer le vrai travail.»

Claude Gauthier, l'administrateur du Fonds d'investissement en transformation alimentaire, a les yeux qui pétillent: «Ça fait trois ans que je me bats pour que ce Fonds-là voie le jour. Maintenant on va pouvoir commencer le vrai travail.»

Créé en juin, le FITA, le premier Fonds «par des transformateurs, pour des transformateurs alimentaires» est un peu le bébé de cet ancien de la Fédération des producteurs de volaille et de l'Association des abattoirs avicoles du Québec.

«Quand vous regardez ce qui s'est fait au Québec dans le financement des transformateurs alimentaires, c'est triste, très triste», dit-il pour justifier la création de ce nouveau fonds qui dispose d'une mise de départ de 7 millions de dollars.

L'argent provient d'un autre fonds, le Fonds de développement de la transformation alimentaire, qui avait été créé au milieu des années 90 pour fournir une aide sous forme de prêts.

Le FITA offrira, lui, à travers des actions privilégiées ou des débentures, un financement oscillant entre 100 000 et 700 000$ à des PME en transformation alimentaire, un secteur jugé mal desservi à l'heure actuelle par les acteurs du capital de risque.

«Des gens de l'UPA siègent sur le conseil d'administration de Capital Financière agricole, pensez-vous que des PME vont risquer d'ouvrir leurs livres devant des concurrents?» demande M. Gauthier pour discréditer les programmes offerts.

Le Fonds FTQ, par ailleurs, s'adresse à des entreprises plus grandes en établissant à deux millions l'aide minimale offerte.

Pour placer ses billes le mieux possible, le FITA s'est adjoint les services d'une impressionnante brochette d'anciens dirigeants de l'industrie alimentaire. André Forcier, d'Exceldor, Reine Cayer, de la Fromagerie Cayer, Marcel Gadoua, de la Boulangerie Gadoua, et Éric Brochu, des Salaisons Brochu, sont du nombre.

La présidence du conseil d'administration a été confiée à Michel Nadeau, ancien de la Caisse de dépôt et aujourd'hui directeur de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques.

«Je voulais m'entourer de retraités pour éviter les conflits d'intérêt, mais de retraités récents et compétents», précise M. Gauthier.

Beaucoup de travail reste à faire pour développer l'industrie de la transformation alimentaire, selon M. Gauthier.

À l'inverse des producteurs alimentaires qui ont pu profiter depuis longtemps de l'aide des gouvernements, les transformateurs ont dû compter sur leurs seuls moyens.

Quelque 12 000 entreprises feraient de la transformation au Québec, générant des revenus annuels de 20 milliards et donnant du travail à 74 000 personnes.

M. Gauthier donne l'exemple de produits congelés prêts à être cuits, de produits de la boulangerie plus fins, de produits de la mer mieux apprêtés, parmi les avenues à explorer pour ajouter de la valeur au secteur alimentaire du Québec.

«C'est un des secteurs où le Québec peut rayonner», confirme Michel Nadeau.

Le FITA ne fait ni du démarrage ni du redressement d'entreprise. Pour sa première année d'existence, il veut appuyer de trois à quatre PME. Au contraire d'autres fonds plus gourmands, il vise un rendement de 10% sur les projets choisis.

«Si ça peut réveiller certains transformateurs, c'est bon. Avant qu'il y ait une mer, il y a une goutte d'eau», lance Marcel Gadoua.