Le géant français du pétrole Total a estimé jeudi qu'il était trop risqué d'investir en Iran pour le moment.

Le géant français du pétrole Total a estimé jeudi qu'il était trop risqué d'investir en Iran pour le moment.

La compagnie a soulevé la question de la future implication des sociétés étrangères dans le développement des considérables réserves de gaz iranien.

«Aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour investir en Iran», a déclaré la porte-parole du groupe, Lisa Wiler. «On espère que les relations politiques vont s'améliorer pour pouvoir investir».

Cependant, l'Iran «reste un pays prioritaire dans la stratégie de Total», et «on reste en contact» avec nos partenaires iraniens, a-t-elle assuré. «On espère que la National Iranian Oil Company (NIOC) est un partenaire à long terme».

Le groupe Total était en effet en discussions pour le développement d'un nouveau projet de gaz naturel liquéfié (GNL) avec la société malaisienne Petronas sur le champ de gaz offshore de South Pars, l'un des plus grands gisements au monde.

Mais, comme les autres compagnies du secteur, Total subit une pression importante des États-Unis et de ses alliés en raison des tensions croissantes autour du programme nucléaire iranien.

L'année dernière, Paris avait exhorté Total et Gaz de France à cesser d'investir en Iran et en Birmanie.

La tension s'est encore aggravée mercredi avec les manoeuvres militaires iraniennes dans le Golfe: les unités d'élite des Gardiens de la révolution ont procédé à des tirs de missiles longue et moyenne portée, destinés à prouver que le régime dispose de la capacité de frapper Israël.

Le Financial Times de jeudi a cité le PDG de Total, Christophe de Margerie, qui exprimait sa frustration, notant que le «risque politique d'investir en Iran» était trop grand, car «les gens diraient "Total ferait n'importe quoi pour de l'argent"».

Il s'en est pris à l'attitude de Washington, en ces temps de crise énergétique: «vous sortez du système les deux principaux pays (Iran et Irak et après vous dites "il n'y a pas assez de pétrole et de gaz". Oh, quelle surprise!».

Le gisement géant de South Pars, où la société Total est impliquée depuis 1997, est développé en 24 phases, et devrait produire 751 millions de mètres cubes de gaz naturel en 2014. Le projet de GNL est le bloc 11 de South Pars.