La Société des alcools du Québec est à réviser dans une très large mesure sa politique d'achat et de mise en marché, qui deviendra beaucoup plus flexible qu'elle ne l'est actuellement.

La Société des alcools du Québec est à réviser dans une très large mesure sa politique d'achat et de mise en marché, qui deviendra beaucoup plus flexible qu'elle ne l'est actuellement.

Ainsi, la règle voulant que les produits dits de spécialité (vendus dans un nombre limité de succursales) doivent être obligatoirement 25% plus chers que les produits équivalents du répertoire général sera abolie.

Autre mesure significative: les 401 succursales auront beaucoup plus de latitude que maintenant pour ce qui est de la gamme de produits courants que chacune commercialise.

Cette refonte, qui sera en place au début de 2009, s'est faite dans un esprit «de collaboration, de partenariat avec l'industrie», explique son vice-président à la commercialisation, Alain Brunet.

«On a rencontré tout le monde - une centaine d'agents - et on a aussi tenu compte des commentaires du personnel des succursales», dit-il.

Les produits courants

À l'heure actuelle, les succursales ont plus ou moins les mains liées en ce qui regarde les vins et les spiritueux qu'elles tiennent comme produits courants.

Le nombre de produits, lesquels, l'espace qui est alloué à chacun et la place qu'il occupe et sur quelle tablette (à la hauteur des yeux, au milieu ou au bas) - tout est décidé par le siège social.

D'après leur taille, c'est-à-dire leur espace tablette, les succursales continueront d'avoir à tenir obligatoirement entre 200 et 700 produits courants, à savoir ceux qui se vendent le plus.

Mais, en même temps - et c'est la nouveauté -, elles pourront choisir, parmi les produits restants et selon leur taille, entre 100 et 300 autres vins et spiritueux.

«Ça va être liberté totale, avec la nuance suivante», explique son vice-président. À savoir, dit-il, qu'il devra s'agir de produits «qui performent et qui répondent à une demande locale».

Bref, la SAQ verrait mal que, par amitié pour Pierre, Jean ou Jacques, un directeur de succursale commercialise tous les produits restants les moins vendus...

Ainsi, une succursale qui, par exemple, compte une importante clientèle d'origine portugaise ou grecque, pourra moduler son offre en conséquence mieux qu'en ce moment.

Quant aux produits de spécialité, dont les ventes ne cessent d'augmenter (près de 20% du chiffre d'affaires), la société d'État les définira désormais comme «toute boisson alcoolique complémentaire à la gamme des produits courants».

Même un vin dont le prix de détail sera susceptible d'être inférieur aux prix de vins courants du même pays pourra être retenu. S'il est complémentaire, «vraiment particulier, par exemple s'il est fait avec un cépage autochtone qu'on ne trouve pas dans les vins du répertoire général».

Quatre critères présideront au choix de ces produits, et non plus seulement leur prix: notoriété, rareté, qualité et enfin s'ils constituent une découverte à faire.

Quotas et appels d'offres

En ce moment, tous les produits courants doivent faire un certain quota de ventes pour être maintenus au répertoire général, faute de quoi ils en sont retirés.

Ces quotas annuels varient selon les catégories (il y en a une soixantaine: bordeaux rouges, blancs, etc.), les plus élevés de ces quotas atteignant 525 000$.

Au plus tard en janvier 2009, le nombre de quotas sera ramené à cinq: bière, cooler, spiritueux, vin de repas, puis vin d'occasion et apéritifs.

«On pense qu'on sera capables de les publier à l'été et les appliquer à l'automne ou au plus tard en janvier 2009», dit Alain Brunet.

Autre nouveauté: depuis un an, la SAQ, pour ses appels d'offres de produits courants (trois appels par an), passe par l'internet et accepte de considérer toutes les offres qui lui sont faites.

Pour les produits de spécialité, on en faisait «pratiquement toutes les semaines depuis fin 2005», indique son vice-président.

À partir de l'été prochain, il y en aura un par mois, par Internet comme pour les produits courants, et les fournisseurs et leurs agents pourront offrir, spontanément, tous les produits qu'ils veulent. «Ça sera des appels d'offres larges», dit Alain Brunet.

Pour certains de ses besoins (des opérations ponctuelles, par exemple), la SAQ achète déjà des vins et des spiritueux sans procéder par appels d'offres. Elle se réserve désormais le droit de le faire aussi dans le cas de «produits classés exceptionnels par des magazines (...) ou faisant l'objet d'une forte couverture médiatique au Québec», signale-t-elle dans le document portant sur ces changements.