Remstar fermera-t-il à tout jamais le «Grand journal» de TQS? Le journal Le Soleil a appris que le nouvel acquéreur envisage sérieusement d'abolir la présentation de nouvelles à son antenne.

Remstar fermera-t-il à tout jamais le «Grand journal» de TQS? Le journal Le Soleil a appris que le nouvel acquéreur envisage sérieusement d'abolir la présentation de nouvelles à son antenne.

Pas demain matin, mais éventuellement. L'entreprise voudrait faire de TQS une station généraliste à vocation spécialisée.

Avant même que son offre d'achat soit acceptée, Remstar s'apprête à saper dans son service de l'information, jusqu'à une abolition éventuelle. Déjà mardi, cinq cadres ont été limogés, dont quatre à Québec.

Indice probant de la disparition éventuelle des nouvelles: le numéro un de l'information à Montréal, Réal Germain, a été congédié vendredi dernier.

L'homme est un vieux routier des nouvelles et a longtemps oeuvré à TVA. Le vice-président programmation de TQS, Louis Trépanier, hérite de ses fonctions.

À Québec, les pertes sont énormes, ce qui fait poindre un avenir sombre pour la station. Embauché à TQS il y a 19 ans, le directeur général de la station de Québec, Renaud Francoeur, s'est fait montrer la porte.

Le directeur des ventes, Joël Godin, et la directrice de production commerciale, Nathalie Fleury, ont aussi été congédiés, de même qu'une directrice administrative, Nicole Trudel, qui devra quitter en septembre.

Le directeur de l'information, Pierre Martineau, détient seul les rênes de la station de Québec. Il n'a voulu émettre aucun commentaire.

Pour abolir les nouvelles, Remstar devra convaincre le CRTC de modifier sa licence d'exploitation, qui l'oblige à produire 14 heures d'information par semaine. La chose n'est pas impossible: Quebecor a carrément fermé la salle des nouvelles de sa station torontoise Sun TV.

TQS, qui diffuse présentement 28 heures d'information par semaine, pourrait réduire ce nombre graduellement en attendant d'obtenir l'aval du CRTC.

Après avoir reporté à deux reprises le dévoilement de son plan de relance depuis vendredi, Remstar rencontrera finalement les exécutifs syndicaux des stations de TQS demain matin dans un hôtel de Montréal, à moins d'un nouveau contretemps.

À la suite de quoi les différents syndicats de TQS se réunissent à Trois-Rivières samedi pour discuter du plan de restructuration.

D'ici là, les employés craignent que Remstar annonce aujourd'hui même des coupures majeures chez les syndiqués.

«L'objectif est de déstabiliser les gens. Jusqu'à un certain point, ça réussit. Mais au niveau syndical, on les voit venir gros comme un autobus! On se prépare aux pires scénarios», affirme le président du syndicat des employés de l'information de TQS, Luc Bessette.

Membre de l'exécutif du syndicat de TQS-Québec, Éric Lévesque affirme que la situation devient intenable à l'interne à force de nager dans l'abondance de rumeurs pessimistes, et blâme le silence prolongé du nouvel employeur. «L'étoile de Remstar pâlit», lance-t-il.

Déjà l'automne dernier, sous l'ancienne administration, TQS abolissait 15 postes à Québec. «On ne peut plus couper. Pour respecter la licence de diffusion, qui exige 10 heures de production locale, on ne peut pas aller plus bas.»

Les rumeurs les plus conservatrices prédisent l'abolition du quart des postes syndiqués à Québec. Au moins une dizaine des 44 employés seraient donc licenciés dans l'immédiat.

Éric Lévesque craint que Remstar s'adresse au CRTC pour modifier la licence du diffuseur. «On attend le plan et il est temps que ça sorte. Il faut crever l'abcès. Voir partir autant de cadres de Québec, et qu'il n'en reste qu'un, c'est gros.»

Luc Bessette croit cependant impossible que le réseau veuille abolir les nouvelles à son antenne.

En tout, l'information à TQS fait travailler environ 70 journalistes, et une cinquantaine d'employés dans des postes connexes. La rumeur veut que le bulletin local de 60 minutes de Québec soit réduit à 10 minutes cet été.