D'un trou de 300 000 à 400 000 $ au début des années 2000, Vincent Lacroix a réussi à creuser un canyon de 115 M$ avec sa «gestion de rattrapage».

D'un trou de 300 000 à 400 000 $ au début des années 2000, Vincent Lacroix a réussi à creuser un canyon de 115 M$ avec sa «gestion de rattrapage».

C'est ce qui est ressorti jeudi après-midi de l'audience où Vincent Lacroix poursuivait sa représentation sur sentence, après avoir été déclaré coupable de 51 chefs d'accusation à son procès pénal.

Ainsi, le PDG déchu de Norbourg expliquait à quel point il était confiant qu'une foule d'initiatives le mettaient sur la bonne voie pour rembourser les investisseurs à la fin de 2003.

Le seul hic, c'est que chaque investissement visant à créer un réseau rentable de compagnies était fait à grands coups de retraits irréguliers.

Et que Vincent Lacroix a porté un très grand coup en mettant des millions sur la table pour acheter Capital Teraxis, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, se procurant les fonds Évolution.

La bouchée aurait été trop grande, l'intégration trop coûteuse et l'échec total au 25 août 2005 quand 115 M$ étaient manquants lors des perquisitions.

Selon ce qu'il a affirmé devant le juge Claude Leblond, de la Cour du Québec, Vincent Lacroix cherchait à faire des acquisitions à bas prix à même l'argent des investisseurs... et ce pour les rembourser plus tard.

L'achat de Teraxis a donné lieu à d'intéressantes discussions. La Commission des valeurs mobilières du Québec donnait un feu vert mais la Banque Royale aurait refusé un prêt de 2,1 M$ dans le cadre de la transaction. Elle ne lui aurait même pas refilé 50 000 $ après l'analyse des états financiers de Norbourg...

Tentant de démontrer sa bonne foi, M. Lacroix a voulu expliquer pourquoi il a acheté une participation de 7,9 M$ (dépassant les 20% des actions) dans l'explorateur minier Dianor.

Selon le PDG déchu, l'idée était de profiter du potentiel futur du titre en Bourse afin de remettre les profits dans les mains des investisseurs après avoir acheté des titres à des prix comme 40 et 50 cents l'unité.

Questionné par le juge Leblond quant à la possession des titres en son nom personnel, M. Lacroix a nié qu'il cherchait à s'enrichir lui-même.

Il expliquait qu'étant déjà devenu un initié, il ne pouvait pas transférer une position aussi importante dans un des fonds communs qu'il gérait. Et qu'il avait reçu un avis légal le décourageant de poser un tel geste.

Vincent Lacroix a aussi dit qu'afin de rembourser les investisseurs, il voulait créer et intégrer un réseau comme Gestion de patrimoine Tandem.

Selon ses calculs, le réseau avait environ 1,7 G$ d'actifs et pouvait être vendu à un prix équivalant à 1,5% de sa valeur, soit 25,5 M$. Encore aurait-il fallu couvrir un autre 89,5 M$ pour rembourser tout le monde.

Quant à un trou qui est passé de plus de 300 000 $ à 115 M$ pendant l'histoire de Norbourg, M. Lacroix a été évasif dans les commentaires formulés devant le juge. Il disait ne pas pouvoir vendre toutes les entreprises en bloc.

M. Lacroix a avoué que quand il se trouvait devant un investisseur ayant perdu de l'argent, il le renflouait avec celui d'un autre.

Toutefois, il s'est bien gardé d'en dire un peu plus au juge Leblond sur les maisons achetées pour lui et ses proches à partir des retraits...

Après les audiences, Vincent Lacroix a déclaré dans les couloirs du palais de justice de Montréal qu'il espérait démontrer vendredi pourquoi sa gestion de rattrapage n'a pas fonctionné.

«L'intégration de Teraxis nous a coulés, a dit M. Lacroix. Je suis persuadé que les petites bouchées que nous avons pris auparavant étaient bien intégrées.»

Sentait-il que les autorités le coinceraient un jour ? «C'est comme une personne qui nage dans la mer, répond l'ancien PDG. C'est soit un bateau ou un requin qui te ramasse.»