«Rien, hormis un miracle, ne peut sauver Lehman en l'état», lance Anthony Sabino, professeur de droit et des affaires, qui ne donnait pas jusqu'à lundi matin à la banque...

«Rien, hormis un miracle, ne peut sauver Lehman en l'état», lance Anthony Sabino, professeur de droit et des affaires, qui ne donnait pas jusqu'à lundi matin à la banque...

Après les géants du refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, la quatrième banque d'investissement du pays est en effet la dernière victime en date de la crise du crédit immobilier: après avoir résisté des mois durant à la tentation d'un rachat, elle a présenté un plan de restructuration et cherche désormais désespérément un repreneur.

Pour tenter de sauver Lehman Brothers, une nouvelle réunion d'urgence se tenait samedi à New York avec des représentants des principales institutions financières américaines et le secrétaire au Trésor Henry Paulson, selon un responsable de la Federal Reserve Bank of New York. Comme vendredi soir, le président de la SEC, la commission des opérations de bourse américaine, celui de la branche new-yorkaise de la Fed, ainsi que des dirigeants de Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley, Citigroup et Merrill Lynch, étaient présents.

Selon les observateurs, Lehman pourrait être dépecée, d'autres sociétés financières acquérant ses différentes activités. Son immobilier risque d'être vendu à perte...

Parmi les acheteurs potentiels, qui ont tous refusé de faire un commentaire, on avance les noms de la Bank of America, et à l'étranger, la Britannique Barclays, la Japonaise Nomura Securities, la Française BNP-Paribas ou encore l'Allemande Deutsche Bank.

Vendredi, l'action Lehman a terminé à 3,65 dollars, un plongeon historique et humiliant de près de 95% sous son record de 67,73 dollars.

Fondée il y a 158 ans, Lehman Brothers est l'une des plus anciennes sociétés de Wall Street, finançant le coton d'Alabama, puis la construction du chemin de fer de Pennsylvanie, avant de bâtir sa réputation sur la gestion de bons du Trésor et autres valeurs.

Durant ses 15 années à la tête de la banque, son PDG Richard Fuld a étendu ses activités aux investissements financiers et à la gestion de fonds pour de riches clients. Mais en prenant de l'ampleur, la banque a également pris des risques, notamment sur les prêts hypothécaires. Et elle a été touchée de plein fouet par la crise du «subprime». Au cours des seuls deux derniers trimestres, les pertes de Lehman Brothers ont grimpé à près de sept milliards de dollars (4,97 milliards d'euros).

Et dans son cas, la banque ne pourra pas compter sur le gouvernement: alors que les autorités avaient mis la main au porte-monnaie en mars pour permettre le rachat de Bear Stearns par JPMorgan Chase, Henry Paulson s'oppose totalement à un soutien à Lehman Brothers, selon une source proche du dossier.

Le ministre allemand de l'Economie Peer Steinbruck a appelé samedi les autorités américaines à trouver une solution avant l'ouverture des marchés financiers asiatiques lundi matin. «Les nouvelles qui nous viennent des Etats-Unis sont mauvaises», a-t-il observé en marge du sommet des ministres européens de l'Economie à Nice.