Moins de sirop contre la toux, de pastilles et de mouchoirs. Les ventes de la chaîne de pharmacie américaine Rite Aid (RAD) ont reculé de 0,5% le mois dernier, une bien mauvaise nouvelle pour les actionnaires... de Jean Coutu (T.PJC.A).

Moins de sirop contre la toux, de pastilles et de mouchoirs. Les ventes de la chaîne de pharmacie américaine Rite Aid [[|ticker sym='RAD'|]] ont reculé de 0,5% le mois dernier, une bien mauvaise nouvelle pour les actionnaires... de Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]].

Pourquoi? Parce que Jean Coutu a hérité de 250 millions d'actions de Rite Aid en juin dernier, quand elle a vendu ses pharmacies Brooks et Eckerd au groupe américain.

Et que depuis la clôture de la transaction, le titre de Rite Aid est passé de 6,55$ US à 2,28$ US, une glissade de 65%.

La valeur du placement de Jean Coutu a ainsi fondu de plus de 1 milliard de dollars en sept mois.

«La performance de Rite Aid représente vraiment un enjeu de taille pour Jean Coutu», a résumé l'analyste Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins, pendant un entretien téléphonique.

Les affaires de Jean Coutu vont bien au Québec, sa dette est effacée et la croissance est au rendez-vous, rappelle M. Howlett.

Mais les difficultés de Rite Aid aux États-Unis et son haut niveau d'endettement pèsent lourd sur le titre de Jean Coutu, qui possède 32% du capital de l'entreprise américaine. «On a un modèle à haut risque et un autre à faible risque combinés», a expliqué l'analyste.

Cette situation complexe décourage des investisseurs d'acquérir des actions de Jean Coutu, malgré son bilan reluisant.

«Aucune raison d'acheter»

Dans un rapport publié jeudi, l'analyste Stuart Morrow, de la firme Research Capital, a réitéré ne voir «aucune raison pour les investisseurs d'acheter des actions de Jean Coutu».

Surtout après l'annonce des piètres résultats de Rite Aid pour décembre.

«On ne voit plus beaucoup de risques de baisse (du titre de Rite Aid), mais il y en a suffisamment pour qu'on attende sur les lignes de côté», a expliqué M. Morrow au téléphone.

Le titre de Rite Aid a perdu 15,2% jeudi à la Bourse de New York, pour atteindre son plus bas niveau depuis 2003 à 2,28$ US. Le titre de Jean Coutu a pour sa part glissé de 2,7% (30 cents), à 10,84$, à la Bourse de Toronto.

Chez Jean Coutu, André Belzile, premier vice-président aux finances et aux affaires corporatives, dit ne pas s'inquiéter de la contre-performance de Rite Aid en décembre - et de son impact sur le cours boursier.

«C'est un investissement qu'on regarde à long terme, alors ce ne sont pas des fluctuations journalières ou mensuelles qui influencent notre jugement sur la qualité de cet investissement», a-t-il indiqué à La Presse Affaires.

«Si on regarde les compétiteurs de Rite Aid, eux aussi ont connu des ventes moins bonnes en décembre à cause de la saison des toux et rhumes qui a été plus difficile», a poursuivi M. Belzile.

CVS, la plus importante chaîne de pharmacies aux États-Unis, a vu ses ventes progresser de 1,8% en décembre, le plus faible gain depuis au moins 1998.

Celles du numéro deux Walgreen ont pour leur part grimpé de 2,6%, pire performance depuis au moins 1990.

L'ensemble de l'industrie de la pharmacie connaît un ralentissement au sud de la frontière, causé en bonne partie par le climat économique morose et la plus grande place accordée aux médicaments génériques.

Les ventes de Rite Aid entre magasins comparables ont glissé de 0,5% le mois dernier, résultat qui exclut les 1854 pharmacies Brooks et Eckerd achetées de Jean Coutu.

Selon l'analyste Keith Howlett, les chiffres de ventes seront meilleurs une fois que tous les magasins seront inclus dans le calcul.

Rite Aid a mis la main sur les pharmacies américaines de Jean Coutu en échange de 250 millions d'actions et d'une contrepartie et de 2,36 milliards de dollars en espèces.

L'intégration a connu quelques ratés depuis la clôture de la transaction en juin, mais les analystes sont confiants de la voir achevée dans les derniers mois de 2008.

Les dirigeants de Rite Aid misent sur des économies d'échelle de 200 millions en 2008 et de 300 millions en 2009 grâce à la combinaison des deux sociétés.

Le 20 décembre dernier, Rite Aid a revu ses prévisions financières à la baisse pour l'année financière 2008.

Cette annonce, combinée à la divulgation de résultats trimestriels décevants, avait fait chuter le titre de 31,7% en une seule journée.