Des investisseurs canadiens profitent de la vigueur du huard pour acheter des actions américaines, mais ils courent ainsi le risque de voir certains de leurs gains disparaître en fumée si le dollar canadien continue de s'apprécier.

Des investisseurs canadiens profitent de la vigueur du huard pour acheter des actions américaines, mais ils courent ainsi le risque de voir certains de leurs gains disparaître en fumée si le dollar canadien continue de s'apprécier.

John Johnston, qui gère des actifs d'environ 2,6 milliards US au sein d'une division de la Banque Royale, et Stephen Jarislowsky, dont la firme gère environ 62,6 milliards US, font partie des investisseurs qui se tournent vers le marché américain.

L'ascension de 62% du huard sur une période de cinq ans l'a amené à la parité avec le dollar américain le mois dernier. Depuis lors, il s'est envolé jusqu'à 1,0499$US, un sommet depuis 1960.

MM. Jarislowsky et Johnson disent aimer le plus grand choix d'industries aux États-Unis. Un autre attrait réside dans ce que Paul Harris, de Avenue Investment Management, appelle un «bon rajustement à la hausse» pour des titres tels que Procter & Gamble et EBay lorsque la devise canadienne inversera sa tendance.

«Le dollar canadien fort nous permet d'acheter toutes sortes d'actifs à l'étranger qui sont relativement bon marché», explique M. Jarislowsky, 82 ans, fondateur et PDG de Jarislowsky Fraser Ltd., de Montréal.

«J'achète de plus en plus d'actions étrangères et américaines», ajoute-t-il.

M. Jarislowsky, dont la carrière d'investisseur s'étale sur 52 ans, dit que ça fait longtemps qu'il a jeté son dévolu sur des titres d'entreprises de biens ménagers et de soins de santé tels que Procter & Gamble, première entreprise américaine de biens de consommation, et Abbott Laboratories, dont les médicaments et les dispositifs médicaux continueront, croit-il, à bien se vendre dans le monde même en cas de récession.

Il n'y a pas d'entreprises comparables au sein de l'indice composite canadien Standard & Poor's/TSX, qui s'est apprécié de 37% cette année en dollars américains.

Le risque que courent ces investisseurs est que le huard continue sa progression à la hausse au moment où les États-Unis baissent leurs taux d'intérêt alors que le Canada les laisse inchangés.

Le stimulus contribuera aussi à accroître la demande mondiale de pétrole, d'or et d'autres produits de base canadiens.

«Est-ce le bon moment pour les Canadiens d'acheter des actions américaines? Absolument pas», tranche Donald Coxe, stratège de BMO Financial Group, à Chicago.

«La devise canadienne va atteindre 1,10 $ US», prévoit-il.

La hausse des investissements hors du Canada pourrait finir par réduire la valeur du huard et des actions canadiennes, avance David Wolf, stratège de Merrill Lynch Canada.

Le Standard & Poor's/TSX est en voie d'offrir une performance supérieure au Standard & Poor's500 pour la cinquième année, le S&P500 ayant progressé de 8,7% seulement cette année.

Il se peut que les investissements étrangers directs, qui ont stimulé le marché boursier canadien, soient en déclin, écrivait M. Wolf dans un rapport publié le 17 septembre dernier.

Une fois que Rio Tinto Group aura achevé son acquisition, au prix de 38,1 milliards US, d'Alcan, il ne restera que 40 entreprises canadiennes ayant une capitalisation boursière supérieure à 10 milliards.