L'administration américaine a décidé de s'attaquer aux racines de la crise financière actuelle, en aidant les banques à se débarrasser des actifs à risques accumulés pendant la dernière bulle immobilière et qui plombent aujourd'hui leurs bilans.

L'administration américaine a décidé de s'attaquer aux racines de la crise financière actuelle, en aidant les banques à se débarrasser des actifs à risques accumulés pendant la dernière bulle immobilière et qui plombent aujourd'hui leurs bilans.

Le Trésor américain et la Réserve fédérale ont annoncé jeudi soir l'ouverture de discussions avec les responsables du Congrès sur un «vaste plan» susceptible de ramener un peu de sérénité dans un secteur sinistré.

Le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke ont engagé avec les responsables du Sénat et de la Chambre une discussion sur la manière de «s'attaquer au problème des actifs non liquides dans les bilans des banques, qui sont la source profonde des tensions actuelles dans nos institutions financières et les marchés financiers», selon une porte-parole du Trésor, Brookly McLaughlin.

«Nous avons hâte de travailler en étroite collaboration avec le Congrès pour résoudre cette crise financière et remettre notre économie en mouvement», a déclaré M. Bernanke, qui s'exprimait aux côtés notamment de M. Paulson et de responsables du Congrès, dont le chef de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid et la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

Tous deux ont fait part de leur impatience à «travailler ensemble» sur le plan de sortie de crise de l'administration, dont la mise en oeuvre nécessitera une intervention du législatif.

Selon des informations de presse, l'administration américaine envisagerait de rééditer ce qui avait été fait dans les années 80, après l'effondrement de centaines de caisses d'épargne. Une structure, baptisée Resolution Trust Corporation, avait alors été mise en place pour reprendre les actifs des banques faillies et pour les vendre de manière ordonnée.

Les modalités d'un tel plan n'ont pas été précisé mais il est inéluctable que Washington devra y consacrer des sommes considérables. Le RTC avait dû gérer au cours de son existence quelque 394 milliards d'actifs, mais, au final, l'opération avait été considérée comme une réussite.

MM. Paulson et Bernanke «s'attendent à travailler durant tout le week-end avec les responsables du Congrès pour finaliser une solution permettant d'aller de l'avant», a ajouté Mme McLaughlin, dans un courriel.

Le président américain George W. Bush avait assuré plus tôt dans la journée que son gouvernement prendrait les mesures nécessaires pour rétablir la stabilité sur les marchés et la confiance des investisseurs.

Les premières fuites sur la possibilité d'un tel plan avaient provoqué un spectaculaire retournement de la Bourse de New York. L'indice Dow Jones, qui perdait 1,40% vers la mi-séance, a fini en hausse de 3,86%. Le Nasdaq, en baisse de 2,50% quant à lui, a clos sur une hausse de 4,78%. Une telle remontée en cours de séance n'avait plus été vue depuis 2002.

Dans un éditorial, le Wall Street Journal avait estimé que c'était «la meilleure et peut-être la seule solution» aux malheurs actuels des banques, menacées de faire faillite les unes après les autres.

Leurs actifs invendables, souvent adossés à des créances immobilières plus ou moins risquées, ne sont pas tous pour autant «pourris». Mais les banques sont dans l'incapacité de s'en défaire, vu l'opacité de ce genre de produits financiers et la grande méfiance qui règne sur les marchés.

Selon l'influent sénateur démocrate de l'Etat de New York Charles Schumer, qui défend une telle idée depuis longtemps, deux options sont possibles: une structure entièrement publique (de type RTC) ou une structure privée soutenue par les finances publiques (RFC, pour Resolution Finance Corporation).

«Avec le RTC, le gouvernement détiendrait les actifs, des actifs douteux, et nous ne connaissons pas le prix. Avec le RFC..., le gouvernement mettrait des actions dans la structure, ce qui lui donnerait une base de capital plus solide. Mais il ne disposerait pas des actifs», a-t-il expliqué sur CNBC.

«Je verrais plutôt une injection dans l'institution, et qu'on la laisse gérer. Le gouvernement obtiendrait des actions préférentielles ou peut-être des obligations garanties», a précisé M. Schumer.