Une friandise ou rien: les marchés financiers, plongés dans une sombre humeur de fin d'automne, espèrent que la réunion d'Halloween de la Réserve fédérale américaine débouchera plutôt sur la première option, sous la forme d'une nouvelle baisse des taux d'intérêts.

Une friandise ou rien: les marchés financiers, plongés dans une sombre humeur de fin d'automne, espèrent que la réunion d'Halloween de la Réserve fédérale américaine débouchera plutôt sur la première option, sous la forme d'une nouvelle baisse des taux d'intérêts.

Au moment où les enfants américains, déguisés en sorciers, feront la tournée du voisinage pour réclamer gâteaux et bonbons, le comité de politique monétaire de la Fed devra décider mercredi, à l'issue d'une réunion de deux jours, s'il abaisse son taux directeur.

Pour la deuxième fois en autant de mois.

Lors de sa précédente réunion, le 18 septembre, le comité avait décidé de procéder à une baisse d'une ampleur inattendue - un demi-point de pourcentage - de son objectif pour le taux interbancaire de l'argent au jour.

La Fed contrôle assez précisément ce taux, qui est son principal outil de politique monétaire, en injectant (ou en retirant) des fonds sur le marché.

La baisse de ce taux à 4,75% avait constitué un rayon de soleil pour des marchés financiers ébranlés par la crise de l'été. Mais l'éclaircie n'a été que de courte durée et de gros nuages noirs ont recommencé à s'accumuler.

Les analystes tablent dans leur écrasante majorité sur une baisse de 0,25 point du taux directeur de la Fed, certains évoquant même 0,50 point.

Peter Morici, économiste à l'Université du Maryland, estime ainsi qu'une décision audacieuse est nécessaire, au vu de la détérioration continue du marché du logement et de ses implications pour le secteur bancaire.

«Une baisse d'un demi-point serait de rigueur, après les révélations» de Merrill Lynch (qui a dû passer pour 7,9 milliards de dollars de dépréciations) et de Countrywide (qui a perdu 1,2 milliard au troisième trimestre).

«Si la Fed n'agit pas de manière déterminée, l'économie pourrait connaître une calamité», pronostique l'universitaire, qui juge désormais les risques d'une entrée en récession de la première économie mondiale supérieurs à 50%.

«Nous ne pourrons pas avoir une économie fonctionnant bien tant que le marché hypothécaire ne se sera pas restructuré, et cela va probablement rendre nécessaire des taux bas pendant un certain temps», selon M. Morici.

Pour Sal Guatieri de BMO Capital Markets, l'état de l'économie américaine justifierait de ramener les taux à 4,00% au début de l'an prochain.

«Nous ne prévoyons pas l'entrée en récession de l'économie», mais un ralentissement de la croissance autour de 1,5%, fait valoir l'analyste.

Richard Kelly, économiste chez TD Bank Financial Group, prévoit une baisse limitée d'un quart de point, suivie d'une stabilité des taux jusqu'en 2008.

«Nous ne discernons pas dans l'économie américaine de faiblesse telle qu'elle justifie des baisses de taux importantes», estime M. Kelly.

«Vous n'allez pas voir de croissance positive dans le secteur de l'immobilier résidentiel avant la fin 2008, mais cela ne représente que 5% de l'économie. Les exportations en revanche sont en plein boum et elles pèsent trois fois plus que l'immobilier» dans la genèse de la croissance.

Minoritaires, certains analystes relèvent qu'une nouvelle baisse des taux ferait renouer l'Amérique avec la période d'argent facile, à l'origine des excès qu'il faut maintenant corriger sur le marché immobilier.

«Il est ironique qu'une politique au départ conçue pour stabiliser l'économie ait en fait eu la conséquence imprévue d'accroître l'instabilité économique», persifle Robert Eisenbeis, un ancien membre de la banque de réserve fédérale d'Atlanta.