Miguel Caron a 34 ans. On le dit déterminé et engagé. C'est l'impression qu'il dégage.

Miguel Caron a 34 ans. On le dit déterminé et engagé. C'est l'impression qu'il dégage.

Ses études en stratégie militaire au collège Saint-Jean y sont-elles pour quelque chose? En partie seulement, car Miguel Caron a vite quitté les Forces armées pour le monde plus fascinant et plus payant des affaires.

Après un passage remarqué chez Cognicase où il a en partie contribué à faire croître les revenus de 8 M$ à 500 M$, Miguel Caron est devenu, en 2003, pdg de Lyrtech [[|ticker sym='V.LYT'|]] et du même coup le sauveteur d'une entreprise en difficulté.

À l'époque, on ne donnait pas cher de Lyrtech. La PME de Québec - spécialisée dans le traitement des signaux numériques - était au bord de la faillite; 25 jobs étaient menacées.

Aujourd'hui, elle emploie 225 personnes. Elle a une usine de production et 80 ingénieurs affectés au développement et au design de produits. Son chiffre d'affaires frise les 25 M$.

«Je vise la profitabilité pour cette année et dans deux ans, j'aimerais m'approcher du 100 M$ de revenu», affirme le jeune pdg.

Mais le véritable objectif de Miguel Caron est de faire de Lyrtech, le SNC-Lavalin de l'électronique. Le jeune pdg veut se hisser parmi les plus grands de l'industrie.

«Pour y arriver, il ne me manque qu'une chose: un produit maison. Et ça s'en vient», promet-il.

Parions que les actionnaires seront contents. Lyrtech [[|ticker sym='V.LYT'|]] est à la Bourse de croissance. «Or, c'est exigeant d'être à la Bourse», admet l'homme d'affaires.

«Mais une fois qu'on y est, on doit offrir du bon rendement aux investisseurs parce qu'ils sont nos patrons.»

Une règle qu'il respecte malgré les difficultés de composer avec la réglementation et les coûts très élevés de l'univers boursier.

En entrevue, Miguel Caron avoue que Lyrtech a été un sauvetage extrêmement difficile.

«Le plus difficile de toute ma carrière, lance-t-il. J'ai eu mon lot d'obstacles. Et avoir su ce qui m'attendait, je n'aurais probablement pas accepté ce mandat. Le plus dur a été de constituer une équipe de direction et de réunir des exécutifs vraiment qualifiés. J'ai dû remanier mon c.a. à plusieurs reprises.»

Aujourd'hui, quatre de ses vice-présidents ont mené leur carrière à Montréal. «Mais ce n'est pas faute d'avoir essayé de composer avec des gens de Québec», concède Miguel Caron.

Car pour lui, faire partie de l'exécutif d'une entreprise en croissance, c'est se donner corps et âme pour cette compagnie. «Malheureusement, je n'ai pas trouvé cet esprit de sacrifice à Québec. On y préfère la qualité de vie. C'est une autre mentalité.»

Lui pense différemment. Il carbure aux défis et aux profits. «Pour que je sois à mon maximum, il faut me garder intéressé financièrement et intellectuellement, sinon je m'ennuie.»

Or chez Lyrtech, il n'a pas le temps de chômer. À l'intérieur de trois ans, il a réorganisé le talent pour que l'offre de service soit intéressante pour les clients. Son objectif était de battre ses concurrents.

Lyrtech est ce qu'on appelle un manufacturier ODM, c'est-à-dire que ses équipes conçoivent, dessinent et frabriquent des systèmes complets pour des manufacturiers d'équipements originaux (OEM).

Le nom de Lyrtech est d'ailleurs associé aux géants de l'industrie du son comme Xilinx, Texas Ins-trument, Mathworks, Neural. La PME livre aussi des solutions clés en main comme ces agendas électroniques capables de lire la rétine de l'oeil et les empreintes digitales.

«Nous ne faisons que du produit à haute valeur ajoutée, lance Miguel Caron, parce qu'autrement, on ne serait plus là. Les entreprises qui n'ont pas compris cette réalité sont condamnées à disparaître. Tôt ou tard, les Asiatiques seront derrière leur porte prêts à prendre le manufacturing de masse.»

À ses yeux, le grand défi des entreprises québécoises est celui de la commercialisation. Les jeunes compagnies des TI - celles qui sont nées depuis les années 2000 - survivront à la condition de vendre leurs produits.

Lui-même s'est attaqué à ce problème dès son arrivée chez Lyrtech. Aujourd'hui, il peut compter sur une équipe de 15 personnes qui vendent partout dans le monde et sur une vingtaine de distributeurs en Asie.

Au bout d'une heure d'entrevue, force est de constater que Miguel Caron a toujours le feu sacré pour Lyrtech. «Oui, j'ai encore le challenge de gagner et d'aller plus loin avec cette compagnie.»

Et n'en doutez pas, il y va à la vitesse grand V.