Denis Senécal, directeur général de la Caisse Desjardins de La Prairie depuis 1998, se méfiait de ce qui se passait avec un compte appartenant à Norbourg.

Denis Senécal, directeur général de la Caisse Desjardins de La Prairie depuis 1998, se méfiait de ce qui se passait avec un compte appartenant à Norbourg.

À un point tel qu'au 15 avril 2004, il l'a fait fermer pour éviter d'être associé avec un «compte problématique».

Ce sont ces informations embarrassantes qui sont ressorties jeudi lors du témoignage de M. Senécal au procès pénal de Vincent Lacroix, au palais de justice de Montréal.

Selon la preuve déposée par l'Autorité des marchés financiers, 28,8 M$ de retraits irréguliers ont transité directement du gardien de valeurs Northern Trust vers ce compte à La Prairie.

En janvier 2002, Norbourg Gestion d'actifs faisait ouvrir le compte à la Caisse pop. Rapidement, de grosses sommes d'argent ont atterri dans les coffres - dont une traite de 500 000 $ - pour en sortir rapidement, ce qui a soulevé certains doutes auprès de Denis Senécal.

Ce dernier tenait à tout prix à valider les sommes qui passaient par le compte afin de ne pas avoir à accepter des chèques sans fonds. À l'usure, il a rendu cette vérification systématique avec Norbourg pour tout dépôt dépassant 50 000 $, même pour les transactions électroniques plus complexes à authentifier.

Toutefois, un appel de Sécurité Desjardins au printemps 2004 le force à changer de cap. M. Senécal dit avoir été informé que des dépôts importants sont partis de La Prairie pour transiter vers un compte personnel de Vincent Lacroix à la Banque Nationale. À cela s'ajoute le fait qu'un compte corporatif de Norbourg se trouvait sur la Rive Sud alors que le groupe de M. Lacroix opérait essentiellement à Montréal.

Le 15 avril, Vincent Lacroix reçoit une lettre selon laquelle le compte Desjardins sera fermé dans 10 jours.

Une erreur

Le 14 juillet 2004, Vincent Lacroix et le comptable Rémi Deschambault rencontrent le directeur général de la caisse de La Prairie. Lors de cette rencontre, Vincent Lacroix affirme que le compte aurait dû être ouvert à son propre nom au lieu de celui de la société Norbourg Gestion d'actifs.

De plus, il ajoute que le compte n'était pas inscrit aux états financiers de Norbourg. Le juricomptable François Filion, qui a enquêté pour l'Autorité des marchés financiers dans ce dossier, avait certifié au printemps qu'un compte fantôme existait à La Prairie.

Et rappelons qu'en novembre 2006 devant le syndic RSM Richter, Vincent Lacroix a avoué avoir planifié l'ouverture d'un compte fantôme, ouvert par erreur au nom de Norbourg. Ces révélations au syndic ne peuvent toutefois pas faire partie de la preuve au procès pénal.

En contre-interrogatoire, M. Lacroix a voulu établir qu'il s'est informé auprès du DG de la Caisse pop de La Prairie sur une liste de transactions. Ce dernier a toutefois reconnu avoir dit à Vincent Lacroix qu'il ne ferait pas une conciliation des montants pour lui.

Une preuve qui achève

La présentation de la preuve de l'Autorité des marchés financiers s'achève. Le procureur Eric Downs a dit au juge Claude Leblond, de la Cour du Québec, que les témoins à venir se comptaient sur les doigts d'une main et qu'il fallait songer à examiner la liste des témoins de la défense.

Mercredi, c'est une experte en authentification de l'écriture qui doit se présenter à la cour afin de prouver qu'une foule de documents ont bien été signés par Vincent Lacroix. Et la semaine prochaine, un «bloc» Northern Trust doit être abordé.

Me Downs s'attend à avoir terminé la preuve d'ici l'Action de grâce, avant une semaine de relâche prévue au procès. Après coup, la défense s'amorcerait.