La Banque d'Angleterre a adopté lundi un traitement de choc pour débloquer le marché du crédit et soutenir une économie britannique vacillante.

La Banque d'Angleterre a adopté lundi un traitement de choc pour débloquer le marché du crédit et soutenir une économie britannique vacillante.

Elle permet aux banques de recycler environ 100 G$ CAN de prêts immobiliers.

Le principe est simple : les banques vont pouvoir échanger auprès de la banque centrale des crédits immobiliers perçus comme très risqués contre des emprunts d'État réputés sûrs qu'elles utiliseront pour se refinancer.

Actuellement, les banques ont beaucoup de mal à revendre leurs prêts immobiliers sur le marché du crédit depuis la crise des prêts à risque qui rend les investisseurs très méfiants.

Le montant des prêts échangés devrait tourner autour de 50 milliards de livres (100 G$ CAN), et l'opération durera de un an à trois ans.

Grâce à ce jeu financier, les banques, qui croulent sous des portefeuilles de crédits dont elles avaient le plus grand mal à se défaire, se retrouveront avec des liquidités regonflées.

Les autorités espèrent que cela poussera les établissements à prêter à nouveau à des conditions plus favorables aux entreprises et aux particuliers, notamment à ceux qui ont des difficultés à financer l'achat de leur logement.

L'objectif est aussi que les banques consentent enfin à répercuter sur les consommateurs la baisse du taux directeur de la Banque d'Angleterre, qui est tombé à 5% au début du mois.

En contrepartie, les autorités pourraient faire pression sur les banques pour qu'elles assainissent leurs comptes. D'une part en dressant un bilan exhaustif de leurs dépréciations liées à la crise des subprimes, et d'autre part en renforçant leurs fonds propres mis à rude épreuve par la crise financière, en recourrant au besoin à des augmentations de capital.

La deuxième banque du pays, Royal Bank of Scotland, a justement confirmé lundi qu'elle projetait une telle levée de fonds, qui pourrait atteindre 10 à 12 milliards de livres (20 à 24 G$ CAN), ce qui en ferait la plus importante jamais réalisée par une entreprise britannique.

Ses concurrentes Barclays, HBOS (numéro un des prêts immobiliers en Grande-Bretagne) et Lloyds TSB pourraient suivre son exemple.

Ce traitement de choc contre le phénomène de contraction du crédit apparu l'été dernier dans le sillage de la crise des prêts risqués aux États-Unis, et qui alimente un climat de pessimisme en Grande-Bretagne, marque un tournant stratégique pour la Banque d'Angleterre.

Celle-ci répugnait jusqu'ici à soutenir les banques, craignant de les pousser à prendre des risques inconsidérés, comme l'a expliqué à plusieurs reprises son gouverneur Mervyn King en réponse à de nombreuses critiques sur sa gestion.

Le plan, concocté en lien étroit avec Downing Street, pourrait aussi aider à redresser la croissance britannique, qui risque de tomber à 1,4% cette année selon le FMI, contre 3% l'an dernier.

Selon des commentateurs, l'avenir du premier ministre Gordon Brown, dont la cote de popularité s'est effondrée au fur et à mesure que les perspectives économiques se dégradaient et que les prix immobiliers commençaient à chuter, pourrait dépendre de sa réussite.