Une fois de plus, l'Alberta vient de doubler le Québec.

Une fois de plus, l'Alberta vient de doubler le Québec.

Même s'ils sont deux fois moins nombreux à pouvoir entrer dans un casino, les Albertains dépensent plus une fois à la table de jeu. Au point où l'Alberta génère désormais davantage de revenus par le biais des jeux de hasard que le Québec.

Selon le Canadian Partnership for Responsible Gambling, les contribuables albertains ont obtenu 1,520 milliard de dollars en redevances tirées des jeux de hasard en 2005-2006.

Il s'agit de 11 millions de plus que le Québec, qui s'est contenté de 1,501 milliard durant la même période même si la province compte 6 millions de joueurs contre 2,5 millions de joueurs en Alberta.

«Aucune autre province n'est aussi riche que nous, explique Lynn Hutchings-Mah, porte-parole de l'Alberta Gaming and Liquor Commission. Notre population est très jeune et elle aime le divertissement. Contrairement à Loto-Québec, nous avons le droit de faire la promotion du jeu, malgré certaines restrictions évidemment.»

L'écart entre le Québec et l'Alberta risque de s'accentuer au cours des prochaines années. Seulement l'an dernier, le bénéfice net de Loto-Québec a diminué de 9%, ce qui a représenté un manque à gagner de 160 millions pour le gouvernement du Québec, son unique actionnaire.

«Le marché des loteries est à maturité, nous avons décidé de diminuer l'accessibilité aux loteries vidéo et l'offre de jeu dans les casinos n'a pas changé», explique Alain Cousineau, président et chef de la direction de Loto-Québec.

L'an dernier, Loto-Québec a tout de même versé 1,6 milliard au gouvernement québécois, soit 2,6% du budget provincial. Mauvaise nouvelle pour les contribuables québécois: la société d'État espère stabiliser son dividende au cours des prochaines années, mais elle ne se fait pas d'illusions.

«Il ne faut pas s'attendre à des croissances spectaculaires, dit Alain Cousineau. Nous réussirons probablement à maintenir notre dividende, mais je ne serais pas surpris s'il subissait une légère baisse.»

La société d'État explique la baisse de son dividende par son mandat à la fois économique et social.

«Notre mandat n'est pas seulement économique, dit Alain Cousineau. Nous avons comme mandat de canaliser l'offre de jeu et d'encadrer la consommation. Nous avons une mission sociale. Si nous étions là juste pour l'argent, nous n'aurions pas de programme d'exclusion volontaire et nous n'aurions pas passé deux ans à expliquer aux travailleurs dans les bars comment identifier les joueurs en détresse.»

À l'exception de l'Alberta, la gestion de Loto-Québec se compare avantageusement à celle des autres sociétés d'État de jeux de hasard au Canada. Selon le Canadian Partnership for Responsible Gambling, 51% des revenus générés par Loto-Québec reviennent dans les poches des contribuables québécois.

C'est moins que la Colombie-Britannique (65%), mais davantage que l'Ontario (47%). Ces chiffres comprennent les revenus des organismes de bienfaisance.

Avec de tels résultats, Alain Cousineau pourrait pavoiser devant ses rivaux ontariens. Il préfère prendre la défense de la province voisine. «Nous avons deux systèmes différents au Québec et en Ontario», dit-il.

De la même façon, le président et chef de la direction de Loto-Québec n'aime pas comparer les états financiers de ses casinos à ceux des casinos ontariens ou américains.

«Nous opérons des casinos où nous n'avons pas le droit de faire du crédit, où toutes nos machines doivent être certifiées au Québec et où les gens ne peuvent pas consommer d'alcool dans les aires de jeu», dit Alain Cousineau.

«Ce sont des conditions d'opération uniques en Amérique du Nord. Dans ces conditions-là, je trouve qu'on réussit de façon remarquable, surtout que nous avons fait des pas de géants dans la gestion des casinos au cours des dernières années en réduisant nos coûts d'opération.»

Aujourd'hui, le Casino de Montréal est l'un des établissements de jeu les plus rentables en Amérique du Nord, selon Loto-Québec.

«Dans les autres casinos, les clients qui perdent gros demandent s'ils peuvent s'arranger pour la moitié ou les deux tiers des pertes, dit Alain Cousineau. Chez Loto-Québec, on ne négocie pas les pertes.»

Après les casinos, Loto-Québec concentrera ses efforts sur les loteries, qui ont représenté 48% de ses revenus l'an dernier. Pourquoi les loteries alors que les Québécois en sont déjà les plus grands consommateurs au pays?

Les Québécois ont beau dépenser 84$ par personne par année en loteries, leur jeu de hasard préféré est de moins en moins rentable. «Il s'agit d'un marché à maturité», dit Alain Cousineau.