Réponse: oui et non. Vous en avez assez d'en entendre parler, ce qui n'empêche pas votre REER d'être insuffisamment garni.

Réponse: oui et non. Vous en avez assez d'en entendre parler, ce qui n'empêche pas votre REER d'être insuffisamment garni.

Regardons néanmoins les choses en face en faisant un petit exercice.

Nous supposerons que l'épargne commence à 30 ans. Aux portes de la retraite prévue à 60 ans, on prévoit toucher un salaire de 60 000$.

Combien faut-il épargner pour assurer un revenu brut correspondant à 70% de ce montant jusqu'à 90 ans, avec une indexation de 2% par année?

Pour compléter le revenu procuré par les régimes publics, il faudra avoir accumulé un capital de 525 000$. En supposant que notre revenu ait crû au rythme régulier de 2% par année depuis 30 ans, il aura fallu épargner 16% du salaire jusqu'à 60 ans.

Si la retraite est prise à 65 ans avec 70% d'un salaire de 60 000$, l'épargne sur 35 ans est ramenée à 9%.

Où se place dans tout cela le fameux barème d'un maximum de 18% du salaire en cotisation REER? C'est le taux d'épargne correspondant à un revenu de 100 000$, pour une retraite prise à 60 ans.

Des chiffres qui font peur?

Demandons à Martin Dupras, vice-président au Groupe-conseil Aon et auteur des tableaux ci-joints, de remettre ces données en perspective.

Le rendement de 6% est conservateur et pourrait être supérieur, répond-il prudemment - tout en reconnaissant qu'il ne faut fonder trop d'espoir sur cette éventualité.

Les calculs ne tiennent pas compte des épargnes qui auraient pu être réalisées avant 30 ans. Le conjoint touchera lui aussi des revenus de retraite des régimes publics.

Et enfin, la propriété n'a pas été considérée. «La résidence constitue aussi une forme d'épargne, et lors de sa vente, il y aura un apport de capital dont on n'a pas tenu compte», fait-il valoir.

On peut bien sûr épargner tardivement, prendre les bouchées triples et tenter de rattraper le train en marche. Mais vient un moment où l'espace REER disponible n'est plus suffisant pour reprendre le terrain et les rendements perdus.

L'épargne doit alors être placée hors REER, où le rendement est imposable.

«C'est une grosse tâche, reconnaît Martin Dupras. L'important n'est pas de décourager les épargnants mais de les interpeller. S'ils sont vraiment loin du capital qu'il faut avoir accumulé à tel ou tel âge, notre commentaire peut avoir l'effet inverse. Ils se disent: je n'y arriverai jamais, oublions ça et allons à Cuba.»

Si on tombe à court de nos objectifs, il restera toujours le travail à temps partiel, la retraite progressive, et autres formules compensatrices.

«Le défi sera la conciliation travail-retraite», formule Martin Dupras.

Cette perspective n'est d'ailleurs pas nécessairement désagréable...