L'économie de l'Ontario peut-elle compter sur un approvisionnement en électricité fiable? Et à quels coûts, tant du point de vue financier qu'environnemental?

L'économie de l'Ontario peut-elle compter sur un approvisionnement en électricité fiable? Et à quels coûts, tant du point de vue financier qu'environnemental?

Ces questions ont été parmi les rares enjeux économiques lors de la campagne électorale qui s'achève en Ontario.

Mais ce fut très bref. Parce depuis quelques années, le sujet a tout d'une hantise pour les politiciens ontariens.

Peu de temps avant le début de la campagne, l'Office de l'énergie de l'Ontario a publié le premier plan de développement de l'électricité de la province... depuis 15 ans!

La facture s'annonce très salée: près de 60 milliards à investir d'ici 2025 pour moderniser l'infrastructure de production et de transport.

Le plan comprend 10 milliards en mesures d'efficacité énergétique.

L'objectif: obtenir des gains de l'ordre de 6300 mégawatts par an, l'équivalent d'un sixième de la consommation anticipée en 2025.

N'empêche, l'Ontario ne pourra échapper à des investissements massifs en nouvelles infrastructures.

Au moins 26,5 milliards sont prévus pour la rénovation et l'expansion des centrales nucléaires. Leur part de la capacité de génération doit augmenter de 40% à 47% d'ici 2025.

Le plan ontarien prévoit 15 milliards en investissements dans de nouvelles centrales de sources renouvelables: hydraulique, éolien, solaire, biomasse.

À plus court terme, quelque 3,6 milliards iront à de nouvelles centrales au gaz naturel, comme sources d'appoint dans les régions de forte consommation.

Mais la bête noire du plan ontarien, ce sont les centrales au charbon. Elles comptent encore pour le tiers de la capacité de production, mais sont décriées parce qu'elles polluent l'air de tout le sud de la province. La pollution atteint même le Québec quand les vents sont forts!

Lors des précédentes élections, le libéral Dalton McGuinty avait promis de fermer ces centrales durant un premier mandat. Mais il a dû se rendre à l'évidence qu'il était impossible d'agir aussi vite sans risquer de graves pénuries d'électricité, dans une province encore hantée par la grande panne de l'été 2003.

Dans ce contexte, l'Office de l'énergie de l'Ontario a décidé de repousser à 2014 la fermeture des centrales au charbon, la source d'électricité la moins coûteuse en Ontario, après l'hydroélectricité.

«Ça paraît bien de favoriser l'implantation de centaines de mégawatts en centrales éoliennes et autres sources dites renouvelables. Mais dans le contexte ontarien, c'est une électricité imprévisible qui coûtera énormément chère, comparativement aux centrales au charbon. Et ça va frapper fort bientôt sur les factures d'électricité, en particulier dans les industries déjà fragilisées dans plusieurs régions», avertit Adam White, de l'Association des gros consommateurs d'électricité de l'Ontario.

L'Association regroupe 50 grandes entreprises qui pèsent pour la moitié de la consommation industrielle d'électricité, et dont les usines emploient 50 000 Ontariens.

«Nous sommes prêts à faire notre part pour améliorer la situation de l'électricité. Mais nous sommes aussi les premiers affectés par l'impact économique de ces choix. Les tarifs d'électricité en Ontario sont rendus parmi les plus chers sur le continent. Et nos concurrents aux États-Unis, eux, ne ferment pas leurs centrales au charbon moins coûteuses!»