Q: Qu'est-ce qu'une récession?

Q: Qu'est-ce qu'une récession?

R: On parle de récession quand une économie voit sa production diminuer pendant deux trimestres de suite, soit six mois. Les économistes parlent alors de deux trimestres de croissance négative ou encore de contraction du PIB.

Q: Quels sont les risques que s'amorce une récession cette année?

R: Selon la banque d'investissement Goldman Sachs, l'économie de nos voisins du Sud est déjà en récession... ou elle s'apprête à y entrer. D'autres, comme le Fonds monétaire international ou Desjardins, croient plutôt qu'elle est évitable.

Par contre, tout le monde s'entend sur le fait que les risques augmentent, que l'économie américaine ralentit.

Q: Quels sont les signes?

R: La goutte qui a fait déborder le vase des pessimistes, ce sont les données sur le chômage aux États-Unis rendues publiques vendredi. Il s'est perdu 13 000 emplois dans le secteur privé en décembre.

Goldman Sachs souligne en plus que le taux de chômage, à 5%, est 60 points plus élevés que son creux de 4,4% de mars. Jamais en 60 ans une telle hausse n'a été enregistrée sans que le pays n'entre en récession.

En plus, un indice qui analyse la vigueur du secteur manufacturier est en recul, comme les titres inscrits en Bourse, qui vivent une fin 2007 et un début 2008 difficiles.

Puis, il y a le pétrole qui vogue au-dessus des 90$US, ce qui laisse moins d'argent dans les poches des consommateurs ou dans celles des entreprises qui ont besoin de carburant pour faire rouler leurs usines.

Q: Où tout ça a-t-il débuté?

R: Deux événements. D'abord, l'éclatement de la bulle immobilière. Trop de maisons construites trop rapidement ou vendues à des gens qui n'en avaient pas toujours les moyens ont provoqué une baisse des prix qui ne serait pas terminée.

Comme le consommateur américain est le moteur habituel de la croissance, on craint que cette perte de valeur ne l'incite à moins dépenser.

Ensuite, il y a la crise du crédit. Elle rend les banques plus frileuses. Elles prêtent donc moins et, quand elles le font, les intérêts sont plus élevés. Ce qui ralentit l'investissement des entreprises.

Q: Le Canada et le Québec ont-ils une chance d'être épargnés?

R: Oui. En fait, à peu près tout le monde s'entend pour dire qu'il faudra plus qu'une légère récession aux États-Unis pour qu'on emboîte le pas.

«Ça prendrait vraiment une débâcle majeure aux États-Unis pour que nous entrions en récession», résume Jimmy Jean, économiste à la Banque Royale.

Q: Pourquoi serions-nous épargnés?

R: Notre économie intérieure reste forte. Diverses baisses de taxe et d'impôt entrées en vigueur le 1er janvier devraient donner un coup de pouce aux consommateurs.

Au Québec, les nombreux et nécessaires travaux routiers donneront aussi un peu d'air à l'économie au cours des prochaines années.

Q: Il n'y aura donc aucun effet ici?

R: Pas vraiment. En fait, tout le Canada central sentira le ralentissement américain, particulièrement les entreprises qui exportent aux États-Unis.

«Lors de la dernière contraction de l'économie américaine, en 2001, les exportations du Québec vers cette destination avaient fléchi abruptement, rappellent les économistes de Desjardins. Dans un contexte où le dollar est nettement plus élevé qu'à cette période, les risques d'une détérioration plus importante que prévu sont bel et bien présents.»

Q: S'il y a une récession, quelle sera son ampleur?

R: Même les pessimistes comme Goldman Sachs s'attendent à une récession de courte durée. De deux à trois trimestres, estime la banque d'investissement, c'est-à-dire de six à neuf mois.

Q: L'économie américaine peut-elle éviter la récession?

R: C'est aussi une possibilité. D'abord, la Réserve fédérale américaine est prête à baisser les taux d'intérêt pour stimuler la croissance.

Cela affaiblira davantage le dollar américain et aidera les exportateurs de ce pays à vendre leurs produits et services au reste de la planète.

Une planète qui, par ailleurs, continue de croître à un rythme intéressant grâce aux marchés émergents, comme la Chine et l'Inde.

Q: Comme consommateurs, quels gestes peut-on faire pour minimiser l'impact de cette éventuelle récession?

R: Ceux qui s'apprêtent à acheter une maison ou renouveler leur hypothèque devraient opter pour un taux variable.

On s'attend à ce que la Banque du Canada baisse son taux directeur dans la première moitié de l'année pour stimuler la croissance économique. Habituellement, cela entraîne une baisse des taux hypothécaires.