«Ça fera bientôt 30 ans que nous sommes mariés», indique Brigitte. Elle a 48 ans, et son mari Yves a un an de plus. Ils ont deux enfants dans la vingtaine.

«Ça fera bientôt 30 ans que nous sommes mariés», indique Brigitte. Elle a 48 ans, et son mari Yves a un an de plus. Ils ont deux enfants dans la vingtaine.

«Nous aidons financièrement un peu notre fille, car elle vient de retourner à l'université», confie-t-elle.

Brigitte travaille dans le milieu de la santé depuis moins de cinq ans - un retour aux études tardif, explique-t-elle. Par choix, elle a restreint sa semaine de travail à quatre jours par semaine, ce qui lui vaut un revenu annuel de 35 000$.

Presque parvenus à la cinquantaine, ni l'un ni l'autre n'ont un REER hypertrophié. Brigitte contribue depuis quatre ans au Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP). Elle a amassé 42 000$ en épargnes enregistrées, et elle y ajoute environ 4000$ par année.

Yves travaille en informatique et touche un revenu de 105 000$. Sans régime de retraite complémentaire, il a engrangé 73 000$ dans son REER. Il y contribue à hauteur de 6000$ chaque année.

En fait, ils ont davantage consacré leurs efforts à l'immobilier. «Les circonstances de la vie et la longévité de notre couple y sont pour quelque chose», observe Brigitte.

Ils occupent un triplex à Montréal, d'une valeur d'environ 400 000$, sur lequel court encore une hypothèque d'environ 60 000$. Les deux logements procurent des revenus de 11 600$ par année.

En mars 2003, ils ont pris sur cette propriété une marge de crédit hypothécaire, afin d'acheter un second immeuble de cinq logements. L'hypothèque principale de cet immeuble s'élève encore à 170 000$, auxquels s'ajoute le solde de la marge de crédit de 95 000$.

«L'immeuble génère des revenus de 37 000$ et nous pourrions estimer sa valeur à environ 375 000$, précise Brigitte. C'est un peu notre fonds de retraite.»

«J'aimerais savoir si je pourrai prendre ma retraite à 60 ans ou même à 55 ans, demande-t-elle. Mon mari, lui, dit qu'il n'est pas pressé de prendre la sienne.»

C'est un couple stable, donc, qui compte sur l'immobilier pour bâtir sa retraite. Une confiance établie sur des bases solides?

Bâtir pour l'avenir

Sylvia Lambert, planificatrice financière chez RBC Investissements, en a sondé les fondations.

«Ils ont une excellente situation financière, mais peu de diversification dans leurs placements, qui sont surtout dans l'immobilier», observe-t-elle d'emblée.

C'est pourquoi, quand Brigitte lui a demandé s'ils devaient accélérer le remboursement de l'hypothèque de leur maison principale, à laquelle il ne reste que cinq ans, la conseillère a répondu qu'il fallait donner la priorité aux dettes non déductibles d'impôt.

«Il ne faut pas accélérer le remboursement du financement existant sur les deux immeubles locatifs puisque les intérêts sont déductibles», avise-t-elle.

Or, c'est ce qu'ils font déjà, avec des versements supplémentaires de 1800$ par mois sur la marge de crédit contractée pour l'achat de leur second immeuble.

«Je recommande d'arrêter cela immédiatement et plutôt d'investir 1500$ dans un REER de conjoint pour madame», prescrit la conseillère. Les 300$ restants - 3600$ par année - seraient réservés à l'entretien des immeubles du couple.

En raison de son revenu élevé, Yves s'attribuerait cette cotisation, ce qui lui vaudra un remboursement substantiel. Or, le couple souhaite se procurer une maison de campagne au moment de la retraite.

Ces remboursements d'impôts, accumulés et investis, en constitueront la base. Les surplus budgétaires des prochaines années, estimés à 6000$ annuellement, s'ajouteront à ce pécule.

La retraite

Reste le fond du problème: la retraite.

Le couple estime ses dépenses à la retraite à environ 35 000$ en dollars d'aujourd'hui, soit l'équivalent de leurs dépenses courantes actuelles. S'ils maintiennent ce train de vie à la retraite, jusqu'où les mèneront leurs épargnes?

Selon le programme que Sylvia Lambert lui a tracé, le REER de Brigitte contiendra 275 000$ en 2015, au début de sa retraite, à 56 ans.

L'employeur actuel d'Yves n'offre aucun régime de retraite. Il ne peut compter que sur ses REER, qui vaudront 274 000$ en 2020. Mais les revenus de retraite du couple seront complétés par les loyers de leurs immeubles - estimés à quelque 32 000$ après dépenses, quand Yves prendra sa retraite.

À ce rythme, s'ils se rendent à 90 ans, leurs épargnes compteront encore 203 000$. Et il restera toujours leurs immeubles, dont la valeur, en 2049, excédera probablement 2,5 millions.

«Leurs investissements sont surtout concentrés en immobilier, commente Mme Lambert, mais ils ont eu un bon timing.»

Et un couple solide, ajouterait Brigitte.

LA SITUATION

Brigitte et Yves ont près de 50 ans. Brigitte espère prendre sa retraite dans huit ans, Yves veut travailler jusqu'à 62 ans. Une part importante de leurs investissements de retraite prend la forme d'un immeuble locatif acheté en 2003. Une bonne décision?

LES CHIFFRES

Brigitte (48 ans)

Revenus: 35 000$

REER: 43 800$

Droits de cotisation REER inutilisés: 56 000$

Yves (49 ans)

Revenus: 105 000$

REER: 79 900$

Droits de cotisation inutilisés: 107 000$

Triplex (propriété principale)

Valeur: 400 000$

Solde hypothécaire: 60 000$

Revenus de location: 11 600$

Immeuble locatif de cinq logements

Valeur: 375 000$

Marge de crédit hypothécaire: solde de 95 000$

Hypothèque principale: solde de 170 000$

Revenus de location: 37 000$

LE CONSEIL

Il faudra que le couple modifie sa stratégie de remboursement accéléré des dettes immobilières. Si ces sommes sont redirigées vers les REER, Brigitte et Yves pourront prendre une retraite confortable aux âges prévus.

«Ils pourront maintenir le même rythme de vie et même un peu plus en y incluant leur budget voyage», dit Sylvia Lambert

Sylvia Lambert: Planificatrice financière chez RBC Gestion de patrimoine, succursales de Chambly et Saint-Bruno.

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