«Je pense qu'on ne peut pas exclure une récession technique», en zone euro, caractérisée par deux trimestres consécutifs de recul de l'activité, a reconnu jeudi à le gouverneur de la Banque centrale des Pays-Bas, Nout Wellink, également membre de l'instance de décision de la Banque centrale européenne.

«Je pense qu'on ne peut pas exclure une récession technique», en zone euro, caractérisée par deux trimestres consécutifs de recul de l'activité, a reconnu jeudi à le gouverneur de la Banque centrale des Pays-Bas, Nout Wellink, également membre de l'instance de décision de la Banque centrale européenne.

Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a déjà reculé de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier.

Et cette semaine, la Commission européenne a abaissé nettement sa prévision de croissance en zone euro cette année, à 1,3%, contre 1,7% auparavant. Elle s'attend aussi à ce qu'elle flirte avec la récession technique.

Seule satisfaction pour les exportateurs européens: cette situation entraîne une forte baisse du taux de change de l'euro, repassé sous les 1,40 dollar, après son pic de 1,60 euros de juillet.

«Bien sûr, il y a une crise économique mondiale et européenne», a souligné jeudi le président français Nicolas Sarkozy, qui préside l'Union européenne, en appelant à poursuivre les réformes structurelles pour y faire face. Plutôt que de les arrêter «c'est au contraire une raison pour aller plus loin», a-t-il déclaré.

Parmi les pistes qui seront discutées vendredi et samedi par les ministres européens des Finances réunis à Nice figure l'idée d'engager la Banque européenne d'investissement (BEI) «dans un grand programme en faveur des PME-PMI» confrontées à une raréfaction du crédit, en l'amenant à recourir un emprunt plus important.

Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a dit mercredi «applaudir des deux mains» cette proposition, soulignant que «les PME sont plus fertiles en emplois» que les grandes entreprises.

Le ministre italien de l'Economie Giulio Tremonti suggère pour sa part de transformer la BEI en un «fonds souverain» pour un plan d'investissements publics.

Les pays européens semblent en revanche exclure tout programme de relance budgétaire, comme ceux annoncés par les Etats-Unis en janvier ou fin août par le Japon afin de stimuler une croissance en panne.

«Il n'est pas question de mettre en place un plan de relance conjoncturel en Europe», a récemment insisté M. Juncker, soulignant que certains pays, comme la France, ont des «marges de disponibilité» budgétaires «très réduites», avec des déficits qui se creusent.

Faute de pouvoir utiliser le levier budgétaire, certains pays commencent à lancer des appels du pied à la Banque centrale européenne pour qu'elle envisage à terme de baisser ses taux d'intérêt face au ralentissement de la croissance, à l'image de ce qui s'est passé aux Etats-Unis.

«Nous avons beaucoup d'inquiétudes pour le moment. La première est peut-être l'inflation», a dit le ministre belge des Finances Didier Reynders, lors d'une conférence financière à Nice, à la veille de la réunion avec ses collègues.

Mais, a-t-il ajouté, «maintenant nous avons un déclin des prix du pétrole», et donc de l'inflation, «alors peut-être que c'est le moment d'avoir une discussion sur la politique monétaire à venir». L'inflation a ralenti en août à 3,8% sur un an, après 4% en juillet, et les économistes estiment que le pic pourrait avoir été passé.

La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, n'a guère dit autre chose en estimant dimanche dernier que «le président de la BCE doit entendre nos préoccupations, les préoccupations de terrain», celles des entreprises.