Pour suspendre la production de la centrale au gaz naturel de Bécancour en 2009, Hydro- Québec devra verser près de 200 millions$ à TransCanada Energy, a appris Le Soleil.

Pour suspendre la production de la centrale au gaz naturel de Bécancour en 2009, Hydro- Québec devra verser près de 200 millions$ à TransCanada Energy, a appris Le Soleil.

La société d'État est présentement devant la Régie de l'énergie pour faire entériner une entente survenue avec la multinationale albertaine.

Pour l'heure, la centrale de 507 mégawatts (MW) située à Bécancour n'est pas en service. Hydro-Québec a conclu un accord l'an dernier avec TCE pour ne pas faire tourner les turbines de cette centrale en 2008, moyennant un paiement de 150 millions $.

Pour 2009, les documents déposés récemment par Hydro-Québec devant la Régie de l'énergie font état d'une somme beaucoup plus importante. Selon nos calculs, on parle d'un montant estimé à plus de 190 millions $.

D'une part, Hydro-Québec s'engage à payer à TCE un dédommagement de 72 millions $. Et puis, une «prime fixe» de puissance d'environ 120 millions $ devra également être ajoutée à la facture annuelle.

Chez Hydro-Québec, on confirme qu'une «prime fixe» de puissance devra être versée à TCE en 2009. La société d'État refuse toutefois d'en dévoiler le montant total. «Il y a une entente de confidentialité», a fait savoir hier la porte-parole d'Hydro-Québec Distribution, Josée Morin.

Dans des documents déposés la semaine dernière à la Régie, la société d'État refuse d'exposer les montants fixes qui seront versés à TCE en 2009.

D'après nos calculs, acheter les 507 MW en provenance de la centrale de TCE à Bécancour en 2009 aurait coûté à Hydro-Québec près de 500 millions $. La prime fixe de puissance versée à TCE varie selon le prix du gaz naturel. À un coût d'achat moyen de 9,6 ¢ du kWh, la prime fixe de puissance est estimée à environ 120 millions $.

Des surplus

Hydro-Québec fait valoir qu'en raison des importants surplus d'électricité dont elle disposera l'an prochain - environ 6,1 térawattheures (TWh) - , l'achat d'électricité en provenance de la centrale de Bécancour n'est pas nécessaire en 2009.

Dans ce contexte, la société d'État préfère verser 190 millions $ à TCE que d'acheter l'électricité de la centrale au gaz pour ensuite la revendre avec risques de pertes sur les marchés extérieurs.

Hydro-Québec soutient que cette entente de dédommagement avec TCE lui permettra de limiter les reventes l'an prochain à seulement 1,8 TWh.

Cette année, l'arrêt de la centrale de Bécancour a permis à Hydro-Québec d'économiser près de 300 millions $. Il faut savoir que les coûts de l'énergie produite à Bécancour auraient gonflé de façon importante la facture des approvisionnements postpatrimoniaux de la société d'État.

Malgré tout, le contrat ferme d'approvisionnement liant Hydro-Québec à TCE est d'une durée de 20 ans. Ce contrat a été approuvé par la Régie de l'énergie en 2004. Pour suspendre cette entente, Hydro-Québec doit d'abord obtenir le feu vert du tribunal réglementaire.

Pourtant, en 2004, Hydro-Québec clamait haut et fort qu'elle allait manquer de courant en 2008, 2009 et 2010. Pour espérer répondre à cette forte demande prévue, la division Distribution a alors signé un important contrat d'approvisionnement avec la multinationale albertaine.

En échange de la construction d'une centrale au gaz de 550 millions $ dans le parc industriel de Bécancour, TransCanada s'engageait à fournir de l'électricité à un coût moyen de 6,1 ¢ du kilowattheure à Hydro pendant 20 ans.

L'entente liant les deux parties comportait cependant une clause d'indexation au prix du gaz naturel. Or, la flambée des prix du gaz observés ces dernières années a fait grimper les coûts d'une éventuelle production à la centrale de Bécancour.