Des membres de la communauté gaie en ont assez d'être cantonnés au Village par les annonceurs, une situation qu'ils jugent insensée économiquement.

Des membres de la communauté gaie en ont assez d'être cantonnés au Village par les annonceurs, une situation qu'ils jugent insensée économiquement.

La Chambre de commerce internationale gaie et lesbienne a dévoilé mercredi une étude qui suggère que la communauté qu'elle représente constitue un marché de 20 milliards au Québec et de 100 milliards au Canada.

Par cette étude, la Chambre, qui est établie à Montréal et qui n'est en opération que depuis onze mois, espère attirer l'attention des entreprises sur la valeur de leur marché et l'importance de le cibler dans des campagnes qui dépassent le cadre des publications spécialisées et d'un quartier de Montréal.

«Quand je regarde une pub de Desjardins, je vois des hommes, des femmes, des noirs, des Asiatiques, des anglophones.

«Pourquoi je ne verrais pas aussi de temps en temps un couple de gais ou de lesbiennes?», demande Pascal Lépine, le président de la jeune Chambre, qui fait valoir que sa communauté constitue un groupe plus important au Canada que n'importe quelle communauté culturelle.

Les estimations les plus conservatrices, basées sur des études américaines, font état de 7% de gais, lesbiennes et transgenres dans la population totale.

Selon Pascal Lépine, le segment de marché des gais, lesbiennes et transgenres est encore sous-exploité par les annonceurs à l'échelle nationale ou provinciale, par frilosité ou par méconnaissance de leur part.

«Je leur donne le bénéfice du doute, explique-t-il.

«Mais quoi qu'il en soit, ça ne fait pas de sens économiquement.»

L'étude dévoilée par la Chambre de commerce, qui a voulu comparer le revenu des gais et lesbiennes dans treize pays, révèle qu'ils ont partout un revenu supérieur à la moyenne nationale (estimé à 29 000 euros au Québec, à fin de comparaison avec les autres pays) et qu'ils disposent d'un revenu discrétionnaire plus élevé que la population en général.

Les gais et lesbiennes sont rarement mariés et n'ont généralement pas d'enfants, ce qui les rend moins susceptibles d'entretenir une forte épargne.

En ciblant mieux ce groupe, qui est loin de se réduire au seul Village, et en lui offrant des produits mieux adaptés à ses besoins, les annonceurs pourraient mettre le grappin sur «un bassin de consommateurs au pouvoir d'achat extrêmement important», affirme Pascal Lépine.

Ne risquent-il pas cependant de s'aliéner du coup un segment plus conservateur de la population ?

Pour Pascal Lépine, cette crainte est largement infondée, dans la mesure où le Québec et le Canada offrent à l'heure actuelle «un climat parmi les plus favorables à travers le monde pour le développement du marché LGBT» (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres).

Le temps est maintenant venu d'intégrer les gais et lesbiennes dans les campagnes publicitaires «mainstream», tranche-t-il.