Après avoir fait marche arrière en décembre, l'économie canadienne est passée en deuxième vitesse, en janvier.

Après avoir fait marche arrière en décembre, l'économie canadienne est passée en deuxième vitesse, en janvier.

La robuste expansion réelle de 0,6% du produit intérieur brut (PIB) sur une base industrielle a légèrement dépassé les attentes, grâce à la bonne conduite de la production en usine.

Elle comble presque tout le terrain perdu en décembre, quand le mauvais temps et des fermetures prolongées d'usines d'assemblage de véhicules avaient entraîné un repli de 0,7% du PIB.

En fait, si on y regarde de plus près, le recul de décembre était plutôt de 0,66% et le gain de janvier de 0,63%, mais Statistique Canada a pour coutume d'arrondir à une décimale.

«Le niveau du PIB réel par industrie demeure par contre inférieur à celui observé en novembre», fait observer Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins. Comme d'autres, il compte sur une bien faible expansion pour l'ensemble du premier trimestre qui a pris fin hier (lundi).

«La très forte baisse du PIB de décembre n'était pas le début d'une nouvelle tendance, mais reflétait plutôt des fermetures temporaires dans le secteur automobile, les conditions climatiques et la stratégie de pause adoptée par les consommateurs en attendant la baisse de la TPS», objecte Stéfane Marion, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale.

Il prédit que la vitalité de la demande intérieure compensera les déboires des exportateurs qui iront grandissant avec la détérioration de l'économie américaine.

L'automobile

Sur une base sectorielle, la fabrication a progressé de 1,7% en janvier. Elle a ainsi repris la moitié du terrain perdu en décembre.

L'avancée était généralisée: 16 des 21 sous-groupes du secteur ont gagné du terrain, celui de l'automobile au premier chef. Après sa débâcle de 27% en décembre, le moteur de l'économie ontarienne a tourné 12% plus vite le mois suivant.

Les données préliminaires indiquent que la traction s'est poursuivie en février bien qu'à moins fière allure. Un autre toussotement est à craindre cependant en mars, en raison de la détérioration du marché d'exportations américain et d'une grève des fabricants de pièces dont les effets se font de plus en plus sentir.

Outre le secteur de la fabrication, ceux de l'extraction minière et de la construction ont progressé tandis que l'agriculture et les services publics se sont repliés.

Au final, les producteurs de biens ont cheminé de 0,8%, devançant pour une rare fois les prestataires de services qui ont tout de même bien fait avec une avancée de 0,5%.

La production industrielle, c'est-à-dire celle des usines, des mines, et des centrales électriques, a bondi de 1,1%. Cela contraste avec le quasi-surplace de la production industrielle américaine au cours du mois.

Le commerce de gros et de détail ont tous deux bien fait avec des bonds de plus de 2% chacun. Les arts et spectacles de même que la restauration et l'hébergement enregistraient des gains appréciables de 0,6%.

On dépense

Voilà autant de signes que la demande intérieure demeure robuste. L'agence fédérale révélait aussi lundi que la rémunération horaire payée par les entreprises avait progressé de 3,0% en un an à la fin janvier, un rythme bien au-dessus de l'inflation.

«Il semble que les Canadiens pigent sans compter dans leurs portefeuilles, note Jacqui Douglas, stratège économique chez TD Valeurs mobilières. Ils demeurent confiants et continuent de dépenser pour se divertir.»

On peut les comprendre. Il s'est créé tout près de 90 000 emplois et les mises en chantier ont été plus nombreuses que prévu au cours des deux premiers mois de l'année. On saura dans les prochains jours si ces deux piliers de la demande intérieure ont bien fait au cours du mois qui a pris fin hier (lundi).

Si les économistes paraissent divisés sur le rythme d'expansion au premier trimestre, ils partagent le même pessimisme pour celui qui s'ouvre aujourd'hui. Selon toute vraisemblance, la crise du crédit qui sévit des deux côtés de la frontière ralentira les ardeurs des acheteurs de maison et des entreprises désireuses d'emprunter pour investir.

«La différence entre les États-Unis ne se situe pas au niveau des chiffres mais de la nature de leur ralentissement respectif, rappelle Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Si la faiblesse du Canada est mue par le secteur extérieur, celle des États-Unis tire sa source chez le consommateur.»