La majorité des caisses de retraite canadiennes sont parvenues tout juste à préserver leur capital au cours de la première moitié de l'année, tant les rendements ont été médiocres.

La majorité des caisses de retraite canadiennes sont parvenues tout juste à préserver leur capital au cours de la première moitié de l'année, tant les rendements ont été médiocres.

Les faibles gains du deuxième trimestre ont de peine et de misère renfloué les pertes du premier trimestre. La légère augmentation des taux d'intérêt à long terme au deuxième trimestre n'aura pu par contre compenser la chute du premier trimestre. La solvabilité des régimes ne s'est donc améliorée qu'au moyen de cotisations supplémentaires de leurs promoteurs.

Selon des calculs de la firme Morneau Sobeco basés sur les indices de référence des principaux véhicules de placements (actions canadiennes et étrangères, obligations, bons du Trésor), une caisse investie à 55% en actions et 45% en titres à revenus fixes aurait réalisé un rendement de 0,8%, de janvier à juin.

Pareille répartition est la plus fréquente parmi les régimes recensés par la firme d'actuaires conseils. C'est malheureusement celle qui donnait les moins bons rendements indiciels. À l'inverse, une caisse investie à 55% en revenus fixes aura produit un rendement indiciel de 1,9%.

L'indice des obligations canadiennes DEX Univers et les Bons-du-Trésor ont donné un rendement respectif de 2,2% et 1,8% depuis janvier.

Malgré la performance relativement bonne du S&P/TSX, le maître-indice de la Bourse de Toronto, avec un gain semestriel de 6,0% (dont 9,1% entre avril et juin), le portefeuille d'actions a plutôt mal fait dans son ensemble.

Exprimés en dollars canadiens, le S&P 500 de New York est en recul de 9,4% après sis mois tandis que l'indice Morgan Stanley Europe, Asie, Extrême-Orient a abandonné 8,5% de valeur depuis le début de l'année.

«Les caisses qui ont surpondéré les actions étrangères ont encore une fois obtenu les rendements les plus faibles», fait remarquer Jean Bergeron, directeur, gestion d'actif chez Morneau Sobeco.

Elles sont en grand nombre, plusieurs ayant voulu profiter de la levée du plafond de 30% en titres étrangers qui leur était imposé jusqu'en 2005.

La performance de l'indice canadien est à prendre en outre avec des pincettes car elle repose sur deux sous-secteurs: l'énergie qui a bondi de 22% durant le deuxième trimestre, et les matériaux qui ont avancé de 17%.

Beaucoup de gestionnaires ont parié à bon droit sur des baisses des prix de l'énergie et des produits de base au deuxième trimestre car le ralentissement économique était palpable un peu partout en Occident. Ils ont donc sous-pondéré les titres des sociétés pétrolières ou productrices de biens de base, tablant sur leur correction.

Or, le prix du brut s'est embrasé de 38% en trois mois et il a propulsé les actions des pétrolières. Bien peu de gestionnaires l'avaient prévu. Plusieurs ont plutôt choisi de revenir dans les titres financiers qui ont encore reculé de 4% au printemps.

La gestion active risque donc de produire un rendement médian inférieur à celui de l'indice S&P/TSX. Sans compter que la médiane sera calculée sans prise en compte des frais de gestion.

La solvabilité des régimes s'est aussi un peu détériorée cette année. D'une part, les rendements ne sont pas à la hauteur des hypothèses actuarielles (environ 6%). D'autre part «la baisse des taux de rendement sur les obligations gouvernementales fait en sorte que le passif de solvabilité s'est légèrement accru depuis le début de l'année», explique M. Bergeron.

Un régime de retraite est considéré solvable lorsque la valeur de l'actif égale ou excède celle de ses engagements envers ses participants actifs et retraités (le passif), à une date donnée.